« Dans cette Côte d'Ivoire où est si vive la conscience de la responsabilité de génération en génération, la fierté veut que, chacun de nous laisse, à la génération future, davantage qu'il n'a reçu.»
Félix Houphouët-Boigny (1905-1993)
Piqûre de rappel....Le 3 Mars 1957 est organisée en Côte-d’Ivoire une élection territoriale largement remportée par le PDCI.
Un scrutin après l’adoption le 23 juin 1956 de la loi-cadre Defferre donnant l'autonomie aux colonies africaines.
Félix Houphouët-Boigny, qui occupe déjà les fonctions de ministre en France,président de l'Assemblée territoriale depuis 1953 (ayant succédé à Victor Capri Djédjé) et de maire d’Abidjan depuis novembre (1956-1960),décide de nommer Auguste Denise,vice-président du Conseil de gouvernement, qui est présidé par le gouverneur français, Ernest de Nattes.
Le 7 avril 1957,le chef du gouvernement du Ghana,Kwame Nkrumah,en déplacement en Côte d’Ivoire,appelle toutes les colonies d’Afrique à prendre leur indépendance ; Houphouët-Boigny lui rétorque alors:
« Votre expérience est fort séduisante… Mais en raison des rapports humains qu’entretiennent entre eux Français et Africains et compte tenu de l’impératif du siècle,l’interdépendance des peuples,nous avons estimé qu’il était peut-être plus intéressant de tenter une expérience différente de la vôtre et unique en son genre, celle d’une communauté franco-africaine à base d’égalité et de fraternité.»
Contrairement à de nombreux dirigeants africains qui réclament une indépendance immédiate,Houphouët-Boigny souhaite une transition en douceur au sein de l’« ensemble français » car, selon lui, l'indépendance politique sans l'indépendance économique ne vaut rien.
Houphouët-Boigny donne rendez-vous à Kwame Nkrumah dans dix ans afin de voir lequel des deux a emprunté la meilleure voie.
Défendant sa vision,Félix Houphouët-Boigny fait naturellement campagne pour le « oui » lors du référendum pour la Communauté franco-africaine, proposé par De Gaulle le 28 septembre 1958.
A l’inverse d’Houphouët-Boigny,seul le guinéen Ahmed Sékou Touré ose dire « NON » préférant : «la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l'esclavage ».
Malgré ce succès,la communauté franco-africaine s'écroule peu de temps après,poussée par la Fédération du Mali qui souhaite l’indépendance.
Le 7 août 1960,Félix Houphouët-Boigny doit proclamer l’indépendance de la Côte d’Ivoire et s’attelle à la rédaction d’une nouvelle constitution inspirée de la constitution américaine établissant un exécutif puissant,et de la constitution française de 1958 qui limite certains pouvoirs du législatif.
L’Assemblée nationale est composée de députés désignés par le président dont ils votent les lois et les budgets automatiquement.
Et le PDCI, devient la machine politique au service du chef de l'état.
Pour assurer la sécurité de son pouvoir,et,déjouer toute tentative de putsch, le président ivoirien réduit au strict minimum les Forces armées nationales de Côte d'ivoire crées le 27 juillet 1960.
La défense est confiée aux forces armées françaises qui, par le traité de coopération en matière de défense du 24 avril 1961,stationnent à Port-Bouët et peuvent intervenir dans le pays à la demande d’Houphouët-Boigny ou lorsqu’elles considèrent que les intérêts français sont menacés.
« Le vainqueur écrit l'histoire,ils sont venus,ils ont vaincus et ils ont écrit.On ne peut pas attendre de ceux qui nous ont envahi qu'ils écrivent la vérité sur nous »
Miriam Makeba (1932-2008)
Piqûre de rappel....Le 4 Mars 1932 nait à Johannesburg, Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama dit Miriam Makeba.
"Mama Africa" naît d'une mère Swazi et d'un père Xhosa.
Découverte par Harry Belafonte, elle devient très rapidement une vedette et se sert de son nouveau métier pour dénoncer le régime de l'apartheid.
En 1956, elle écrit son plus grand succès "Pata Pata"qui fait le tour du monde.
La chanteuse sud-africaine,auteur de succès planétaire « Pata Pata » et figure de la lutte contre l'apartheid,meurt d'une crise cardiaque à 76 ans après avoir participé à un concert en Italie en soutien à Roberto Saviano,l'auteur du film Gomorra,menacé de mort par la mafia,à Naples.
La chanteuse était montée sur scène en dernier, et alors que le public l'acclamait pour un rappel,elle a été découverte gisant sur le sol, évanouie.
Transportée à l'hôpital, elle est décédée à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno,des suites d'une crise cardiaque.
En 1965, elle fut la première femme noire à obtenir un Grammy Award, partagé avec le chanteur Harry Belafonte pour leur disque commun, « An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba ».
Après une série de concerts dans le monde entier,l'Etat Sud-Africain l'avait déchue de sa nationalité pour sa participation à un film anti-apartheid, « Come back to Africa », du cinéaste américain Lionel Rogosin.
Sa musique est interdite à la vente et à la diffusion.
Elle est contrainte en 1959 à un exil qui durera 31 ans.
Elle ne pourra pas assister aux obsèques de sa mère en 1960.
Ce n'est qu’à la libération de Nelson Mandela qu’elle revient en Afrique du Sud.
Durant ses années d'exil, elle obtiendra un titre de citoyenneté honoraire dans dix pays, dont la France.
En 1969, Miriam Makeba épouse Stokely Carmichael,l'un des chefs des Black Panthers américains,figure de la lutte pour les droits civiques,ce qui lui vaudra de nombreux ennuis avec la justice américaine et l'obligera à s'exiler en Guinée.
Elle divorcera quatre ans plus tard.
En 1985, elle est faite Chevalier des Arts et Lettres par la France.
Mais la mort cette même année de sa fille unique, Bongi,âgée de 36 ans, et les ennuis d'argent, plongent la chanteuse dans la dépression.
En 1987, alors qu'elle vit en Belgique, elle connaît un nouveau succès mondial en participant à l'album Graceland de Paul Simon.
En 1990, alors qu'elle vient d'obtenir la nationalité française,Nelson Mandela finit par la persuader de revenir en Afrique du Sud.
En 1992, elle fait une apparition dans le film "Sarafina !", qui raconte les émeutes de Soweto en 1976.
Il faudra attendre 2000 pour que Miriam Makeba sorte un nouvel album, "Homeland", qui raconte sa joie d'être rentrée dans son pays.
Dans son autobiographie,elle dit : « J'ai conservé ma culture, j'ai conservé la musique de mes racines. Grâce à elle, je suis devenue cette voix et cette image de l'Afrique et de son peuple sans même en être consciente ».
« Il est l'une des figures les plus importantes de l'histoire afro-américaine, pas pour ce qu'il a fait pour sa propre race mais pour ce qu'il inspire aux peuples opprimés du monde entier.»
Martin Luther King, Jr. (1929-1968)
Piqûre de rappel....Le 5 Mars 1770 Crispus Attucks devient la première victime de la guerre d'indépendance américaine et le premier héros afro-américain.
En première ligne d'un groupe de 50 patriotes défiant les tirs des troupes britanniques,il meurt de deux balles dans la poitrine.
Crispus est la première personne abattue.
Le poète John Boyle O'Reilly lui rend hommage : « le premier à défier, le premier à mourir »
En 1858, la région de Boston établie le «Crispus Attucks Day» pour lui rendre hommage.
En 1888,un monument commémorant la mort des cinq hommes décédés dans le massacre de Boston fut construit à Boston Common : Crispus Attucks, Samuel Gray, James Caldwell, Samuel Maverick et Patrick Carr.
Les cinq hommes apportèrent une victoire préliminaire à la révolution américaine.
L'ascendance africaine et la détermination de Crispus Attucks à œuvrer pour la liberté de chacun ont fait de lui une icône du mouvement anti-esclavagiste au début du XIXe siècle.
Esclave à Framingham, dans le Massachusetts,au domaine de William Brown, il s'est enfui à 27 ans.
En 1998, pour commémorer le 275 anniversaire de sa naissance,la monnaie américaine a émis une pièce en argent à son effigie.
De nombreuses écoles,centres,fondations et musées portent son nom "symbole" de la lutte et l'héroïsme d'un homme noir en quête de liberté.
« Nous sommes réveillés.
Nous ne dormons plus.
A partir d'aujourd'hui, il y a une nouvelle Afrique dans le monde ! »
Kwame Nkrumah (1909-1972)
Piqûre de rappel....Le 6 mars 1957 à minuit, Kwame Nkrumah s’adresse à la foule euphorique :
« La bataille est finie et le Ghana,votre pays bien-aimé,est libre pour toujours.
Nous devons changer nos attitudes et nos esprits.
Nous devons réaliser que nous ne sommes plus une colonie, mais un peuple libre et indépendant. »
La Gold Coast,ou Côte de l'or britannique,devient la 1ère colonie d'Afrique noire à accéder à l'indépendance.
Elle prend le nom d'un ancien empire bantou,le Ghana.
Tout commence le 5 mars 1957 à 23 heures, Kwame Nkrumah prononce son dernier discours de dirigeant de pays colonisé devant les députés puis les douze coups de minuit retentissent et une page se tourne,les couleurs de l'Union Jack sont baissées,on hisse le drapeau "rouge, jaune et vert" au centre duquel resplendit l'étoile noire.
Les cérémonies officielles débutent à 9 h 30 en présence de nombreuses personnalités dont Harold Macmillan (1er ministre britannique) , Habib Bourguiba , des représentants du Canada, d'Australie, d'Inde, du Pakistan, de Chine, et les gouverneurs de nombreux pays africains sous domination anglaise ou française,ainsi que le vice-président américain, Richard Nixon, qui mène une importante délégation d'Africains-Américains, et Martin Luther King qui confiera avoir pleuré de joie en écoutant le discours de Kwame Nkrumah.
« Après une longue bataille,le Ghana,votre pays bien-aimé est maintenant libre pour toujours!
Et encore une fois, je veux profiter de l'occasion pour remercier le peuple de ce pays : les jeunes, les agriculteurs, les femmes qui ont si noblement combattu et gagné la bataille.
Aussi, je tiens à remercier les hommes vaillants qui ont coopéré avec moi dans cette tâche immense de libérer notre pays de la domination étrangère et de l'impérialisme.
Maintenant, nous devons changer nos attitudes et nos esprits.
Nous devons réaliser que nous ne sommes plus une colonie.
Nous sommes libres et indépendants et cela implique aussi beaucoup de travail.
Cette nouvelle Afrique est prête à mener ses propres batailles pour démontrer que l'homme noir est capable de prendre son destin en main.
Nous allons montrer au monde, aux autres nations, que nous sommes prêts à bâtir notre Afrique.
Comme je l'ai dit à l'Assemblée il y a quelques minutes, nous allons créer notre propre identité africaine car c'est la seule façon de montrer au monde que nous sommes prêts pour nos propres batailles.
Mais aujourd'hui, rappelons-nous que rien ne peut être fait sans le soutien de Dieu.
Nous avons gagné une bataille mais notre indépendance est dénuée de sens sans la libération totale de l'Afrique....
Je veux vous demander de marquer une pause,seulement une minute,pour rendre grâce à Dieu Tout-Puissant de nous avoir conduit à travers nos difficultés, les emprisonnements et les souffrances afin d'arriver à ce jour.
Une minute de silence.
Le Ghana est désormais là ,pour toujours ,et, l'orchestre va jouer notre hymne national .
Je compte sur les millions de ghanéens pour m'aider à remodeler le destin de ce pays.
Nous sommes prêts à le ramasser et en faire une nation qui sera respectée par tous les pays du monde.
Nous savons que les débuts seront difficiles, mais encore une fois, je compte sur votre soutien ... Je compte sur votre travail acharné.
En vous voyant ... ici...par millions...
Ma dernière requête est que vous restiez fermement derrière nous pour que nous puissions prouver au monde que l'Africain peut montrer au monde qu'il est quelqu'un!
Nous sommes réveillés.
Nous ne dormons plus.
A partir d'aujourd'hui, il y a une nouvelle Afrique dans le monde ! »
« Ce qui m'effraie,ce n'est pas l'oppression des méchants,c'est l'indifférence des bons »
Martin Luther King, Jr. (1929-1968)
Piqûre de rappel....Le 7 Mars 1965,Martin Luther King,prix Nobel de la paix 1964,mène une marche historique, violemment réprimée, qui conduira les manifestants de Selma à Montgomery, siège du gouvernement local.
600 marcheurs se lancent mais ne dépassent pas le pont de Edmund Pettis.
La police charge à coups de matraques,de gaz lacrymogènes,et,repousse les marcheurs vers Selma.
Il y aura 60 blessés lors de ce qui a été appelé le « Bloody Sunday » (dimanche sanglant).
La brutalité de la scène, filmée et diffusée par la télévision, va révolter le pays entier.
Loin d’être découragés, deux jours plus tard, le 9 mars, ce sont 2000 personnes qui reprennent la route.
Là encore, les autorités interviennent.
Une nouvelle marche le 25 mars atteindra Montgomery.
Les manifestants ont de nouveau quitté Selma pour rejoindre la capitale de l’Alabama, Montgomery, à près de 90 km de là, où ils arrivèrent en un large cortège après plusieurs journées d’une marche entrée dans l’histoire.
50.000 manifestants noirs et blancs accueilleront les marcheurs et écouteront le pasteur King qui avait donné le départ de la marche le 7 mars à Selma dans l’Alabama,l’un des états où la ségrégation raciale est la plus violente.
Le 6 août 1965, la loi sur le droit de vote pour tous (Voting Rights Act) est ratifiée par Lyndon Johnson, garantissant à tous le droit de vote.
En 2015,le premier président noir des Etats-Unis a rendu hommage à ce combat.
Barack Obama a prononcé un discours devant 40 000 personnes,dans lequel il a appelé à la vigilance :
« La marche pour l’égalité n’est pas terminée,mais nous approchons du but ».
Barack Obama a reconnu que l’Amérique « porte toujours l’ombre de son histoire raciale » et a plaidé pour que le droit de vote durement acquis soit aujourd’hui protégé des restrictions que certains Etats s’efforcent d’y apporter.
Il a incité ses concitoyens à s’inspirer des événements de Selma pour prendre leur destin en mains.
Barack Obama a souligné que la marche de Selma, marquée par sa non violence, avait été et restait une source d’inspiration pour des « millions de personnes » à travers le monde.
«Des jeunes gens peuvent tirer leur force de ce lieu» !
« J'entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte.
J'attends et espère l'irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d'opprimées.»
Thomas Isidore Noël Sankara (1949-1987)
Piqûre de rappel....Le 8 Mars 1987 à Ouagadougou, Thomas Sankara s'exprime à l'occasion de la journée de la Femme :
« L’attention des parents pour les filles à l’école devra être égale à celle accordée aux garçons qui font toute leur fierté. Car, non seulement les femmes ont prouvé qu’elles étaient égales à l’homme à l’école quand elles n’étaient pas tout simplement meilleures,mais surtout elles ont droit à l’école pour apprendre et savoir, pour être libres.
Dans les futures campagnes d’alphabétisation,les taux de participation des femmes devront être relevés pour correspondre à leur importance numérique dans la population,car ce serait une trop grande injustice que de maintenir une si importante fraction de la population, la moitié de celle-ci, dans l’ignorance »....
« On dit, et vous le retiendrez, camarades, qu'au moment de mourir, chaque homme interpelle,avec ses derniers soupirs, une femme : sa mère, sa soeur, ou sa compagne.
Les femmes ont besoin des hommes pour vaincre.
Et les hommes ont besoin des victoires des femmes pour vaincre.
Car, camarades femmes, aux côtés de chaque homme,il y a toujours une femme.
Cette main de la femme qui a bercé le petit de l'homme, c'est cette même main qui bercera le monde entier.
Nos mères nous donnent la vie. Nos femmes mettent au monde nos enfants,les nourrissent à leurs seins,les élèvent et en font des êtres responsables.
Les femmes assurent la permanence de notre peuple, les femmes assurent le devenir de l'humanité ; les femmes assurent la continuation de notre oeuvre ; les femmes assurent la fierté de chaque homme.
Mères, soeurs, compagnes, II n'y a point d'homme fier tant qu'il n'y a point de femme à côté de lui.
Tout homme fier,tout homme fort, puise ses énergies auprès d'une femme;la source intarissable de la virilité,c'est la féminité.
La source intarissable, la clé des victoires se trouvent toujours entre les mains de la femme.
C'est auprès de la femme,sœur ou compagne que chacun de nous retrouve le sursaut de l'honneur et de la dignité.
C'est toujours auprès d'une femme que chacun de nous retourne pour chercher et rechercher la consolation,le courage,l'inspiration pour oser repartir au combat,pour recevoir le conseil qui tempérera des témérités,une irresponsabilité présomptueuse.
C'est toujours auprès d'une femme que nous redevenons des hommes, et chaque homme est un enfant pour chaque femme.
Celui qui n'aime pas la femme, celui qui ne respecte pas la femme, celui qui n'honore pas la femme, a méprisé sa propre mère.
Par conséquent,celui qui méprise la femme méprise et détruit le lieu focal d'où il est issu, c'est-à-dire qu'il se suicide lui-même parce qu'il estime n'avoir pas de raison d'exister,d'être sorti du sein généreux d'une femme.
Camarades, malheur à ceux qui méprisent les femmes ! Ainsi à tous les hommes d'ici et d'ailleurs, à tous les hommes de toutes conditions,de quelque case qu'ils soient, qui méprisent la femme, qui ignorent et oublient ce qu'est la femme, je dis : « Vous avez frappé un roc, vous serez écrasés ».
Camarades, aucune révolution, et à commencer par notre révolution, ne sera victorieuse tant que les femmes ne seront pas d'abord libérées.
Notre lutte,notre révolution sera inachevée tant que nous comprendrons la libération comme celle essentiellement des hommes.
Après la libération du prolétaire, il reste la libération de la femme.
Camarades, toute femme est la mère d'un homme. Je m'en voudrais en tant qu'homme, en tant que fils, de conseiller et d'indiquer la voie à une femme.
La prétention serait de vouloir conseiller sa mère. Mais nous savons aussi que l'indulgence et l'affection de la mère, c'est d'écouter son enfant, même dans les caprices de celui-ci, dans ses rêves, dans ses vanités.
Et c'est ce qui me console et m'autorise à m'adresser à vous. C'est pourquoi, Camarades, nous avons besoin de vous pour une véritable libération de nous tous.
Je sais que vous trouverez toujours la force et le temps de nous aider à sauver notre société.
Camarades, il n'y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée.
Que jamais mes yeux ne voient une société, que jamais, mes pas ne me transportent dans une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence.
J'entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte.
J'attends et espère l'irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d'opprimées.
Camarades, en avant pour la conquête du futur ; Le futur est révolutionnaire ; Le futur appartient à ceux qui luttent.
La patrie ou la mort, nous vaincrons ! »
« J’avais 18 ans au moment du génocide. J’ai perdu ma mère, mon père, mes frères et mes sœurs et trente autres membres de ma famille. Je fus victime de viol et on m’a battue régulièrement. Quand ma seule sœur qui a survécu a pu rentrer chez elle après le génocide, elle a été attaquée à nouveau, avec une machette, par ceux qui ont tué ma famille, parce qu’ils avaient peur qu’elle ne les dénonce auprès des autorités. Elle est restée dans le coma pendant des mois, puis elle a peu à peu repris conscience. Elle a perdu l’audition et elle vit aujourd’hui avec des maux de tête constants et des problèmes mentaux.J’ai essayé de me suicider deux fois, mais je n'ai pas réussi à me tuer. Je vis en permanence dans l’ombre du génocide.»
Assumpta,survivante du génocide de 1994 au Rwanda
Piqûre de rappel....Le 9 Mars 1993, la Coalition pour la défense de la République et de la démocratie au Rwanda de Martin BUCYANA (assassiné en février 1994) remplacé par Théoneste NAHIMANA, accuse le 1er ministre Nsengiyaremye de traîtrise, et, demande que «la population rwandaise soit initiée à la défense civile afin qu’elle contribue elle-même à sa propre sécurité avec les moyens que l’Etat doit mettre à sa disposition».
15 mars 1993: A Arusha, les négociations reprennent avec l’ouverture du volet militaire.
20 mars 1993: Départ d’une compagnie de soldats français.
25 mars 1993: Départ d’une deuxième compagnie de soldats français (il en reste deux sur place).
30 mars 1993: Le président Habyarimana abandonne la présidence du MRND à Mathieu Ngirumpatse.
2 avril 1993: L’ambassadeur de France aux Nations unies demande le déploiement d’un contingent international à la frontière ougando-rwandaise.
10 mai 1993: Signature du volet militaire des accords d’Arusha. L’intégration, dans l’armée (dont les effectifs sont fixés à 13 000 hommes) et la gendarmerie (6 000), des anciens combattants FPR et gouvernementaux se fera à parité dans la chaîne de commandement et à 40/60 en faveur du pouvoir dans la troupe. Le FPR déclare 15 000 hommes et le gouvernement 40 000.
18 mai 1993: Assassinat à Kigali du président du bureau politique du MDR et fondateur d’un forum «paix et démocratie», Emmanuel Gapyisi.
2 juin 1993: Election au Burundi du premier président de la République hutu, Melchior Ndadaye.
9 juin 1993: Signature à Arusha du dernier volet, le protocole d’accord sur le retour au Rwanda des réfugiés et celui des déplacés dans leurs communes d’origine.
22 juin 1993: La résolution 846 du conseil de sécurité crée la Mission d’observateurs des Nations unies au Rwanda installée à la frontière, côté ougandais, pour veiller à ce que Kampala n’appuie pas le FPR.
16 juillet 1993: Nomination d’Agathe Uwilingiyimana comme Premier ministre, en remplacement de Dismas Nsengiyaremye, en froid avec le dirigeant de leur parti d’opposition (MDR), Faustin Twagiramungu, lui-même Premier ministre «désigné» (à Arusha) du futur gouvernement de transition.
18 juillet 1993: Agathe Uwilingiyimana forme son gouvernement. Boniface Ngulinzira se retire en solidarité avec Nsengiyaremye. Il est remplacé aux Affaires étrangères par Anasthase Gasana (également MDR) qui lui succède à Arusha comme chef de la délégation gouvernementale.
20 juillet 1993: Fuite en exil du ministre de la Défense MRND, James Gasana, un civil qui invoque des menaces de mort émanant d’une faction de l’armée.
23-24 juillet 1993: Une faction «Hutu power» du MDR apparaît au grand jour avec un vrai-faux congrès et une vraie-fausse lettre de démission extorquée à Agathe Uwilingiyimana en vue de son remplacement par Jean Kambanda (condamné à la prison à vie par le TPIR le 1er mai 1998 pour son rôle à la tête du gouvernement «génocidaire» du 7 avril 1994).
25 juillet 1993: A Kinihira, à une trentaine de kilomètres au nord de Kigali, dans la zone tampon, le gouvernement et le FPR paraphent l’accord de paix.
30 juillet 1993: Le général Augustin Bizimungu est nommé ministre de la Défense au titre du MRND. Il deviendra chef d’état-major au début du génocide et attend son jugement devant le TPIR.
4 août 1993:Ratification solennelle à Arusha de l’Accord de paix éponyme. La Radio-télévision libre des mille collines (RTLM) démarre ses émissions de propagande anti-Arusha.
5 octobre 1993: La résolution 872 du Conseil de sécurité crée une Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar) forte de 2 500 casques bleus pour veiller à la bonne application des accords de paix d’Arusha.
10 octobre 1993: Le président Habyarimana remercie à Paris le président Mitterrand pour l’aide militaire de la France qui maintient deux compagnies à Kigali, pour «faire la soudure avec la force internationale neutre» de 800 casques bleus attendue en décembre.
21 octobre 1993. Au Burundi, le président Melchior Ndadaye est assassiné à Bujumbura par des militaires tutsi. A Kigali, la RTLM appelle à un soulèvement hutu général.
3 novembre 1993: Le chef militaire du FPR, Paul Kagame condamne le coup d’Etat du Burundi.
19 novembre 1993: Arrivée à Kigali d’un détachement de 370 casques bleus belges.
11-13 décembre 1993: Départ des deux dernières compagnies (300 hommes) de l’opération française Noroît. Une quinzaine d’officiers restent sur place, officiellement pour fermer les bureaux.
27 décembre 1994: Les factions Hutu Power du MDR et du PL (Justin Mugenzi notamment) s’affichent aux côtés du MRND dans un communiqué commun hostile à l’accord d’Arusha.
28 décembre 1993: Le FPR, et notamment son président, le colonel Alexis Kanyarengwe, vient prendre ses quartiers dans la capitale, conformément à l’accord d’Arusha qui lui attribue à Kigali des locaux du Conseil national de développement (CND, Assemblée nationale) et autorise la présence de 600 de ses soldats équipés de mitraillettes sur affûts antiaériens et de mortiers légers. pour assurer la sécurité de ses dignitaires.
1er janvier 1994: A New York, le Rwanda devient membre permanent du Conseil de sécurité pour deux ans.
5 janvier 1994: Le président Habyarimana prête serment à la nouvelle loi fondamentale, l’accord d’Arusha, mais rejette la liste des députés proposée par le Parti libéral au profit de celle de sa mouvance Hutu power.
6 janvier 1994: La résolution 893 du Conseil de sécurité autorise l’envoi de 1 000 casques bleus supplémentaires pour renforcer la Minuar.
8 janvier 1994: Les cérémonies d’investiture du gouvernement et de l’Assemblée nationale issus d’Arusha sont annulées pour cause d’absence du président Habyarimana chargé de les présider. Machette à la main, des manifestants conspuent l’opposition et le FPR
11 janvier 1994: Un télégramme du général canadien Roméo Dallaire en charge de la Minuar communique aux Nations unies ses informations sur un plan d’extermination des Tutsis (prévoyant la mise à mort possible de «mille personnes en vingt minutes»), de l’entraînement et de l’armement des miliciens interahamwe et de diverses manifestations organisées par des militaires et des gendarmes contre des opposants hutus et des casques bleus belges en vue de provoquer le FPR et de lancer une guerre civile. Il propose un raid sur les caches d’armes. En réponse, le chef de la Direction des opérations de maintien de la paix des nations unies (DOMP), Kofi Annan, lui rappelle les limites de son mandat et lui demande d’informer le président Habyarimana.
25 janvier 1994: L’organisation des droits de l’homme Human rights watch accompagne un rapport accablant d’une lettre ouverte au président français François Mitterrand en demandant que «la France révèle complètement la nature de son assistance militaire au Rwanda».
21 février 1994: Assassinat à Kigali du secrétaire général du Parti social démocrate (PSD), Félicien Gatabazi. L’investiture des nouvelles institutions prévue le lendemain est reportée sine die.
22 février 1994: En représailles à l’assassinat de Gatabazi, des militants du PSD tuent à Butare (Sud) le chef de la CDR, Martin Bucyana. Selon la Croix rouge, au moins 37 personnes, des Tutsi essentiellement, sont tuées dans des quartiers périphériques de Kigali.
6 avril 1994: Vers 20 heures trente locales, un tir de missile abat au-dessus de la villa présidentielle de Kanombe (dans la zone aéroportuaire) le Falcon 50 ramenant le président Habyarimana de Dar-es-Salam où il vient de s’engager à appliquer les accords d’Arusha devant ses pairs du Kenya, d’Ouganda, de Tanzanie et du Burundi. Les forces gouvernementales interdisent aux casques bleus l’accès aux lieux du crash. Le soir même de premiers barrages apparaissent dans les rues de Kigali. La RTLM affirme que ce sont des soldats belges qui ont abattu l’avion. Le colonel Théoneste Bagosora s’oppose à ce que le Premier ministre Agathe Uwilinigiyimana s’exprime à la radio nationale. Deux gendarmes français et l’épouse de l’un d’entre eux sont assassinés à leur domicile de Kanombe.
7 avril 1994: Début du génocide et liquidation physique systématique des Hutu de l’opposition partie prenante des accords d’Arusha, comme par exemple la Premier ministre (Hutu, MDR) Agathe Uwilingiyimana. Dix casques bleus belges chargés de la protéger sont tués par des militaires gouvernementaux. Le FPR offre ses services au général Dallaire mais annonce une offensive si les massacres ne cessent pas avant la tombée de la nuit.
8 avril 1994: Après le refus onusien d’entériner un coup d’Etat en reconnaissant l’exécutif militaire présenté par le colonel Bagosora au représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, Jacques-Roger Booh Booh, les artisans du génocide annoncent que Théodore Sindikubgabo, désormais président de la République «par intérim», et Jean Kambanda désormais Premier ministre, ont désigné un nouveau cabinet gouvernemental «intérimaire» composés de faucons du Hutu power. Le FPR lance des offensives sur Ruhengeri (nord-ouest), Byumba (centre) et Gabiro (est). Une colonne de renforts partie de Mulindi (nord) arrive à pied au CND, à Kigali.
9-17 avril 1994 : Opération française Amaryllis chargée d’évacuer les ressortissants français, mais aussi certains dignitaires rwandais comme la famille du défunt président Habyarimana transportée à Paris, via Bangui. Arrivés en même temps, des parachutistes belges terminent leurs évacuation le 13 avril.
11 avril 1994: Un détachement FPR envoyé de Byumba contourne Kigali et attaque au sud. Le gouvernement «intérimaire» se replie de Kigali sur Gitarama, à une soixantaine de kilomètres au Sud.
13 avril 1994 : Le lieutenant-colonel Augustin Bizimungu est promu major-général et chef d’état-major des armées. Il demande un cessez-le-feu du FPR en échange de l’arrêt des massacres.
14 avril 1994: En réponse à la demande de renforts du général Dallaire, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) de l’Onu exige un cessez-le-feu d’ici le 30 avril comme condition au maintien de la Minuar au-delà du 7 mai. La France appuie cette initiative.
16 avril 1994: Départ du contingent militaire belge de la Minuar (780 casques bleus).
21 avril 1994: La résolution 912 du Conseil de sécurité des Nations unies réduit les effectifs de la Minuar de 2 500 à 270 casques bleus.
4 mai 1994: A Paris, devant l’Assemblée nationale, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, pose un cessez-le-feu comme condition impérative à une intervention internationale.
11-12 mai 1994: En tournée à Kigali, le Haut commissaire des Nations unies au Rwanda, José Ayalo Lasso, qualifie les événements en cours de «génocide».
17 mai 1994: La résolution 918 du Conseil de sécurité crée une Minuar II, chargée de protéger les populations et prévoyant l’envoi sur place de 5 500 casques bleus.
22 mai 1994: Le FPR prend le camp militaire de Kanombe et avec lui l’aéroport de Kigali.
29 mai 1994 : Le gouvernement «intérimaire» fuit Gitarama. Des milliers de Hutu fuient Kigali.
11 juin 1994 : Paris appelle à un cessez-le-feu, au besoin par la force d’une interposition internationale à laquelle la France apporterait son concours.
20 juin 1994 : Des éléments militaires français précurseurs arrivent à Goma, la jumelle zaïroise de la Rwandaise Gisenyi, au nord du lac Kivu.
22 juin 1994 : La France obtient l’aval du Conseil de sécurité pour son opération Turquoise, avec la résolution 929 qui autorise une «intervention militaire humanitaire» de deux mois, officiellement pour assurer la protection des civils et procéder à des distributions d’aide alimentaire.
23 juin 1994: Début officiel de l’opération française «Turquoise» dans la «zone humanitaire sûre» délimitée au sud-ouest du pays, à la frontière zaïroise, à l’intérieur du triangle Kibuye, Gikongoro, Cyangugu. 450 hommes arrivent de Bangui à Goma (nord Kivu) et 150 parachutistes pré positionnés au Gabon débarquent à Bukavu (sud Kivu). Au total, un millier d’hommes est déployé sous la direction du général Jean-Louis Lafourcade.
27 juin 1994: Ancien chef de la cellule des gendarmes français de l’Elysée, le capitaine Paul Barril (désormais au service de la veuve du président Habyarimana) affirme que le FPR est l’auteur de l’attentat du 6 avril contre l’avion présidentiel et affirme détenir la boîte noire de l’appareil (en fait une antenne de navigation puisque l’Onu reconnaît aujourd’hui détenir la boîte noire).
4 juillet 1994: Le FPR prend Kigali. La France le somme de ne pas franchir les limites du dispositif Turquoise.
11 juillet 1994: Retour à Kigali du Premier ministre désigné par les accords d’Arusha, Faustin Twagiramungu.
17 juillet 1994: Le FPR prend Ruhengeri et Gisenyi, au nord du pays, à la frontière zaïroise et proclame un «cessez-le-feu unilatéral», c’est-à-dire la fin de la guerre. Plus d’un million de Hutu accompagnent les militaire et les miliciens qui se réfugient au Zaïre, avec armes et bagages.
19 juillet 1994: Formation d’un gouvernement «d’union nationale» avec Pasteur Bizimungu comme président de la République, Paul Kagame comme vice-président et ministre de la Défense et Faustin Twagiramungu comme Premier ministre.
20 juillet 1994: Une épidémie de choléra parmi les réfugiés hutu du Zaïre déplace l’attention internationale à Goma, au Zaïre, où opère une partie du contingent français de Turquoise.
22 août 1994: Fin de l’opération Turquoise. Quelque 500 militaires français restent à Goma, au Zaïre, où les soldats et miliciens de l’ancien régime organisent leur revanche.
8 novembre 1994: La résolution 955 du Conseil de sécurité institue le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) (après celui pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), créé le 25 mai 1993). Le TPIR est chargé de poursuivre les personnes responsables d’actes de génocide et autres violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda ou par des citoyens rwandais sur le territoire des Etats voisins, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994.
« Elle se conduisait autant comme un soldat que comme une épouse »
Nelson Rolihlahla Mandela (1918-2013)
Piqûre de rappel....Le 10 Mars 1957,un an jour pour jour après leur première rencontre,Nelson Mandela demande Winnie Madikizela en mariage.
Elle accepte, avouant plus tard son amour fou pour lui.
Nelson, récemment divorcé et accusé de haute trahison contre l’État, est sans ressources mais vît son histoire d'amour avec Winnie, sortant et dansant régulièrement à Johannesbourg et fréquentant des personnes de toutes origines ethniques et sociales.
Winnie se lie notamment d’amitié avec Lillian Ngoyi,la première femme élue à la tête de l’ANC et ancienne maîtresse de Mandela,qui contribue à son intégration dans l’ANC.
Après que son père ait accepté, non sans peur pour sa fille, son mariage avec Nelson Mandela,désormais aussi connu que harcelé par la police,le couple célèbre un mariage traditionnel à Bizana et doit en faire de même à Qunu, le fief des Mandela.
Mais Nelson, à cause de contraintes judiciaires, ne peut s’y rendre.
Cet empêchement fera dire à Winnie que leur mariage n’a pas été considéré comme valide par les anciens.
De retour à Johannesburg,le couple s’installe dans une petite maison du quartier de Soweto.
Confrontés à l’étroitesse de la maison,Winnie l’agrandit en démolissant un des murs.
Le couple ne survit que grâce au salaire de Winnie qui est l’une des premières femmes à établir un contrat de mariage.
Enceinte dès 1958 et contre les recommandations de son époux,elle décide de participer à une manifestation contre le port du pass,un document payant imposé aux Noirs pour circuler.
L’absence de son port pouvait conduire à une mise en prison.
À la suite de la manifestation, elle est emprisonnée pendant deux semaines et y frôle la fausse-couche.
Suite à son incarcération, elle perd son emploi à l’hôpital Baragwanath,qui lui reproche d’être une « agitatrice communiste ».
Ce renvoi,et celui de deux de ses amies infirmières blanches,fait du bruit dans la presse sud-africaine blanche. Devant l’indignation qui suit cet incident,Winnie retrouve un emploi dans la Johannesburg Child Welfare Society,une association caritative.
Début 1959 naît le premier enfant du couple, Zenani,pour laquelle Winnie refuse les coutumes et traitements traditionnels souhaités par sa belle-mère.
En 1960, Winnie obtient du premier coup son permis de conduire,donc son indépendance de déplacement.
Cette même année,le gouvernement sud-africain finalise la loi du Bantu Self Government.
Il s’agit, en fait, pour favoriser la mainmise des Afrikaners sur les richesses du pays, de créer des états périphériques fantoches qui permettrait à chaque groupe ethnique du pays de vivre un développement séparé : ce sont les fameux bantoustans.
En pays pondo s’établit une résistance à la loi, qui commet des exactions contre les « collaborateurs au système ». Makhulu, la grand-mère de Winnie,est transpercée d’une lance lors d’une de ces attaques.
Elle décédera quelques mois plus tard.
Dans le cadre d’un état d’urgence décrété par le gouvernement,Nelson Mandela est envoyé en prison.
Winnie, enceinte pour la deuxième fois, doit se débrouiller avec sa fille.
Elle donne naissance à sa deuxième fille « Zindzi » Zindziswa, en l'absence de Mandela.
Winnie subit le contrecoup de la frustration de la police sud-africaine ridiculisée par son mari.
Sa maison est régulièrement mise à sac par les autorités. Nelson dira de Winnie qu’à cette époque, elle se conduisait autant « comme un soldat que comme une épouse ».
À son retour, malgré la traque dont il est l’objet, Nelson Mandela reverra sa famille à plusieurs reprises.
Ces rencontres auront lieu dans la ferme de Joe Slovo,un militant communiste blanc ayant rejoint l’ANC.
Ces rencontres dans cette « bulle idyllique » constitueront, dans la mémoire de Winnie et de Zenani, de rares bons moments de vie de famille.
« Le Mali ne saura considérer sa mission comme accomplie tant qu'un seul pouce du sol africain sera occupé par les colonialistes avides. »
Modibo Keita (1915-1977)
Piqûre de rappel....Le 11 Mars 1947,Modibo Keita considéré comme un dangereux opposant par les Français pour son nationalisme,son activisme politique et syndical sort finalement de la prison de la santé à paris après avoir été incarcéré le 21 février 1947,condamné à 6 mois de détention pour “activités subversives” et “sentiments anti-français”.
La même année,Modibo Keita deviendra le secrétaire général du premier bureau de l'US-RDA,section soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain dont il fut l'un des fondateurs.
Charles de Gaulle qui avait le sens des formules,disait de lui,que du haut de son mètre 98, il était le seul chef d'État devant lequel, il n'était pas « obligé de baisser la tête pour lui parler ».
Le 16 mai 1977, un bref communiqué, quelques mots sur les ondes de Radio Mali annonce la mort d’un instituteur en retraite, une information glissée parmi tant d’autres qui passerait inaperçue si cet enseignant de 62 ans,mort en détention officiellement d'un œdème pulmonaire, n’était Modibo Keïta.
Le premier président du Mali avait été transféré dans un camp militaire à Kati,à quelques kilomètres de Bamako, puis à Kidal,dans l'extrême nord-est du pays suite au coup d’état militaire du 19 novembre 1968 mené par le Comité militaire de libération nationale présidé par le lieutenant Moussa Traoré.
Une seule phrase a changé le cours de l’histoire: « Monsieur le président, voulez-vous vous mettre à la disposition de l'armée ? ».
Une histoire réhabilitée après la chute du régime de Moussa Traoré en 1991,en faisant du 16 mai, une journée officielle de célébration de sa disparition.
Ce n’est pas la première expérience carcérale de cet honorable premier Africain à siéger comme vice-président à l’Assemblée nationale française,entré au palais Bourbon après les élections législatives de 1956,qui a été condamné à 6 mois de détention et finalement incarcéré pendant 20 jours à la prison de la Santé à Paris pour “activités subversives” et “sentiments anti-français” en raison de son engagement politique prônant l’égalité sans distinction de race et de la plume affutée de son journal « L’Oeil du Kenedougou » .
Sa vision panafricaine passa au-delà des barreaux de la prison pour s’écrire noir sur blanc dans la Constitution malienne dont l'article 48 stipulait :
« La république du Mali peut conclure avec tout état d'Afrique des accords d'association ou de communauté comprenant l'abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine ».
L’unité était pour lui un passage obligé dans la construction d’une Afrique forte,ce qui le mena à création de la fédération du Mali,censée fédérer le plus grand nombre de territoire de l'Afrique Occidentale Française mais ne réunira que le Sénégal, le Soudan, le Dahomey, la Haute Volta et la Mauritanie puis le Soudan et le Sénégal pour finalement voler en éclats en raison de la divergence de vision politique et économique entre Léopold Sédar Senghor ,partisan du maintien des relations étroites avec l'ancien colonisateur et Modibo Keita résolument tourné vers une africanisation accélérée des cadres.
Une grande déception qu’il dépassera en œuvrant à la création de l'union des Etats africains avec deux autres pionniers du panafricanisme Kwamé Nkrumah du Ghana, et, Sekou Touré de la Guinée.
En 1963,ce sont 31 chefs d'Etats qui se réunirent à Addis Abeba,pour affirmer haut et fort leur foi en l'unité du continent africain,et,devenir les pères fondateurs de l'OUA en signant la charte de l’organisation dont Modibo Keita fût l’un des rédacteurs.
Déterminé à rendre concrète sa vision panafricaniste transcrite dans les fondements de l’OUA, il reçoit,à Bamako les 29 et 30 octobre 1963,le roi du Maroc,le président algérien et l'empereur d'Éthiopie qui était le président de l'O.U.A pour mettre fin à la "guerre des sables" ,un conflit frontalier entre l'Algérie et le Maroc qui marquait alors la première crise de l’organisation continentale fraîchement crée.
Le président algérien Ben Bella et le roi Hassan II signeront un cessez-le-feu à cette occasion.
Modibo Keita a tendu la main et offert l’hospitalité aux nationalistes du continent et bien au-delà en recevant entre 1960 et 1967 : Nelson Mandela de l’Afrique du sud, Ben Bellah et Abdel Aziz Bouteflika d’Algérie,Gamal Abdel Nasser d’Egypte, Antoine Gizenga du Congo,Le maréchal Tito de la Yougoslavie, Chou En-Lai de la Chine, les dirigeants de la Swapo (Namibie), des Mouvements de Libération d'Angola, du Mozambique, du Cap-Vert ou de la Guinée-Bissau.
Il traduisait aussi dans les faits son soutien,en rompant par exemple en décembre 1965 les relations diplomatiques avec Londres pour condamner le comportement de la Grande-Bretagne suite à la proclamation unilatérale par la minorité blanche sur place de l’indépendance de la Rhodésie du Sud.
Il portait l’Afrique dans son cœur sans pour autant fixer des frontières à sa quête de justice,ce qui le mena à soutenir activement Hô Chi Minh dans la guerre de libération du Viêt-Nam.
Ses combats étaient nombreux,son objectif unique,rendre à l’Afrique sa dignité que traduit cette phrase prononcée le 30 mai 1962 au grand palais du Kremlin à Moscou :
« Le Mali ne saura considérer sa mission comme accomplie tant qu'un seul pouce du sol africain sera occupé par les colonialistes avides. »
« Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon, ce que nous sommes entrain de faire. Il nous observe, il dit amusez-vous, mais le jour où il voudra aussi nous sanctionner, il le fera. Que Dieu protège le Gabon.»
Omar Bongo Ondimba (1935-2009)
Piqûre de rappel....Le 12 Mars 1968,Albert Bernard Bongo créa un parti unique,le Parti démocratique gabonais.
Une fête nationale est organisée a cette date chaque année jusqu'en 1989.
La conférence nationale de 1990 abolit les privilèges du parti unique et ouvre la voix au multipartisme.
En 1991, une nouvelle constitution instituant un régime semi-présidentiel est adoptée à l'Assemblée nationale,garantissant les libertés individuelles et publiques.
Albert-Bernard Bongo devient, dès 1965, membre du gouvernement, occupant tour à tour le portefeuille de Ministre délégué à la présidence de la République,chargé de la défense nationale et de la coordination, et celui de l’information et du tourisme.
En 1966, il est nommé Vice-Président de la République et, lors de l’élection présidentielle de mars 1967, le Président Léon Mba qui en avait fait son colistier de campagne est réélu.
Après la mort du père de l’indépendance en novembre 1967, Omar Bongo Ondimba lui succède ,conformément aux dispositions de la Constitution.
Il exerce ses fonctions jusqu'à sa mort le 8 juin 2009 à Barcelone.
« Lilian Ngoyi a commencé à parler. Elle a dit que le Premier ministre n’était pas là et qu’il avait eu trop peur de nous voir,mais que nous avions laissé les pétitions pour qu’il les voie. Alors, nous sommes restées debout en silence pendant une demi-heure.Toutes, le poing levé,silencieuses,à peine si les bébés pleuraient »
Francis Baard,syndicaliste et militante de l’ANC
(9 août 1956 )
Piqûre de rappel....Le 13 Mars 1980 meurt Lillian Masediba Ngoyi,militante anti-apartheid,membre de la Ligue des femmes du Congrès national africain à partir de 1952.
Première femme élue au comité exécutif de l'ANC.
Elle a particulièrement contribué à la création de la Fédération des femmes sud-africaines (Federation of South African Women – FSAW).
Elle naît le 25 septembre 1911 à Prétoria et fait ses études primaires à Kilnerton.
Suit des cours d’infirmière puis travaille comme machiniste dans une usine de confection de 1945 à 1956.
Elle rejoint le Syndicat des travailleurs du vêtement dont elle devient rapidement l'une des figures principales.
Elle intègre l'ANC lors de la campagne de Défiance de 1950.
Elle est arrêtée pour avoir utilisé les installations d'un bureau de poste réservées aux Blancs.
Ses qualités lui font gravir rapidement les échelons du Congrès National Africain et en moins d'un an après son entrée au mouvement, elle est élue présidente de la Ligue des Femmes de l' ANC.
Lors de la création de la Fédération des Femmes sud-africaines (FEDSAW) en 1954,elle est l'une des vice-présidentes au niveau national.
En 1956, elle est élue présidente.
En 1955, elle va en Europe en tant que déléguée à une conférence convoquée par la Fédération internationale démocratique des femmes?
Elle est invitée en Russie,en Chine et dans d'autres pays du bloc de l'Est.
Devenue membre de l'exécutif de l'ANC du Transvaal à partir de 1955,elle devient en décembre 1956 la première femme à être élue au comité exécutif national de l'ANC.
Avec Dora Tamana,elle a été arrêtée alors qu'elle tentait de monter à bord d'un navire avant de se rendre à une conférence en Suisse sans passeport.
En décembre 1956, Ngoyi et 156 autres personnalités ont été arrêtés pour haute trahison.
Ils ont été jugés jusqu'en 1961.
Ngoyi a été emprisonnée pendant cinq mois en vertu de l'état d'urgence de 1960 et a passé une grande partie de ce temps à l'isolement.
Sous le coup d'une interdiction en octobre 1962,il lui est notifié de se limiter au canton d'Orlando, à Johannesburg, et formellement interdit d'assister à des rassemblements.
Au milieu des années 1960, elle est emprisonnée en vertu de la loi sur la détention de 90 jours et passe 71 jours à l'isolement.
Ses ordonnances d'interdiction expirent en 1972,mais sont renouvelées.
Des restrictions l'empêchant de gagner sa vie décemment.
Affectueusement appelée «Ma Ngoyi», elle a eu des problèmes cardiaques.
Elle est morte à 69 ans.
« Je m'approche les yeux effarés.Je ne reconnais les corps des camarades Osendé Afana et Wamba Louis que par leur tenue vestimentaire,car leurs têtes ont été tranchées et emportées.Le ventre du camarade Wamba est ouvert.A côté d'eux, un demi sac de sel,les fantoches ayant brûlé tout ce qu'ils ne pouvaient pas emporter avec eux.»
Fosso François survivant du massacre du 15 Mars 1966
Piqûre de rappel....Le 15 Mars 1966,dans le maquis de la Boumba Ngoko au Sud Est du Cameroun,Osendé Afana,militant anti-colonialistes,à la tête d'un détachement de partisans,membres de l'Union des Populations du Cameroun engagés dans la lutte armée contre le néo-colonialisme,est assassiné et décapité par les forces armées du Gouvernement camerounais.
Castor OSENDE AFANA est le premier docteur en économie de l'Afrique noire.
Il voulait que l’Afrique créé sa propre monnaie « Afrik ».
Sa thèse de doctorat affirme qu’il n’y a pas de véritable indépendance sans indépendance monétaire.
Vice-président de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France,il dirige le journal "L’Étudiant d'Afrique noire" qui est censuré lorsqu'un article évoque la répression exercée par l'armée française au Cameroun.
Il est fiché et l'objet d'une surveillance policière permanente car la Sureté le présente comme « marxiste-léniniste convaincu » et « stratège politique de premier ordre ».
Au début de l'année 1958, il quitte la France clandestinement pour Le Caire où se trouve plusieurs dirigeants en exil de l'UPC.
Après le départ de Moumié et de ses compagnons,il devient le représentant du parti en Égypte et le représente lors du Conseil de solidarité afro-asiatique.
Le 30 Juin 1960,Osendé Afana est désigné par Moumié pour représenter l'UPC aux fêtes de l'indépendance du Congo-Léopoldville et préparer une mission de Moumié qui veut transférer la base extérieure principale de l'UPC à Léopoldville en accord avec Patrice Lumumba.
De retour en Égypte,il rencontre des représentants de nombreux mouvements de libération nationale africains :MPLA angolais, PAIGC cap-verdien et guinéen, ANC sud-africain, et d'autres.
Il considère appartenir à la lutte « de toute l'Afrique, de toute l'humanité contre l'oppression et l'exploitation, pour des lendemains qui chantent. »
Après l`assassinat du Président Moumié à Génève en Novembre 1960,Osendé s'intalle à Conakry et à Accra puis en Mai 1965 à Brazzaville.
Le 15 mars 1966 à 36 ans,il est assassiné et décapité par les forces armées néocoloniales du Gouvernement camerounais.
Le 17 Mars 1966,Fosso François,un de ses camarades qui a survécu,revient sur les lieux de l'attaque,trouve les corps de Osendé et Wamba en putréfaction, leurs têtes tranchées et emportées, le ventre du camarade Wamba ouvert.
Tant bien que mal,équipé d'un simple couteau,il tente vainement d'enterrer les restes de ses deux camarades morts pour la Patrie.
Selon la légende, la tête d’Osendé Afana fut tranchée et ramenée à Ahidjo qui la voulait.
Michel Ndoh a déclaré que : “ Je garde de lui le souvenir d’un nationaliste véritablement engagé, radicalement différent de ceux qui, aujourd’hui, ne s’engagent dans le combat que pour défendre leurs intérêts ou ceux de leurs tribus. (…) ”.
« Nègre vous m’appelez et bien oui, nègre je suis. N’allez pas le répéter, mais le nègre vous emmerde »
Aimé Césaire (1913-2008)
Piqûre de rappel....Le 16 mars 2011 un décret décide d'un hommage de la Nation à Aimé Césaire au Panthéon.
Le Chantre de la négritude est immortalisé par une fresque monumentale déposée dans la nef du Panthéon,composée de portraits évocateurs de 4 périodes de sa vie.
Pour le troisième anniversaire de sa mort, en avril 2011,le poète est élevé au rang de "grand homme" lors d'une cérémonie organisée au Panthéon au cours de laquelle une plaque est dévoilée dans la crypte du monument.
Une entrée symbolique,il n'entrera pas physiquement au Panthéon car conformément à sa volonté, Aimé Césaire est inhumé en Martinique, sa terre natale.
Aimé Fernand David Césaire naît le 26 juin 1913 à Basse-Pointe.
Il meurt le 17 avril 2008 à Fort-de-France.
C'est l’un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.
Le 17 décembre 1982,il s'exprime à l'Assemblée nationale lors des discussions sur le projet de loi relatif à la commémoration de l'abolition de l'esclavage.
Il conteste la rédaction votée au Sénat : à l'abolition sans lendemain du 16 pluviôse an II,il préfère celle de 1848 et défend la mémoire de Victor Schoelcher:
« [...] La liberté individuelle est antérieure à toutes les lois humaines : elle fait corps avec nous, et aucune puissance imaginable ne peut consacrer la violation de ce principe naturel. L'homme a le droit de reprendre par la force ce qui lui a été enlevé par la force, l'adresse ou la trahison ; et pour l'esclave, comme pour le peuple opprimé, l'insurrection est le plus saint des devoirs. »
« La plus grande chose que vous apprendrez jamais,c’est d’aimer et d’être aimé en retour »
Nathaniel Adams Coles (1919–1965)
Piqûre de rappel....Le 17 Mars 1919 naît en Alabama Nathaniel Adam Coles dit Nat King Cole,figure incontournable du jazz (pianiste,chanteur).
Premier afro-américain à présenter une émission de télé dans une Amérique ravagée par le racisme où il a toujours refusé de donner des concerts dans des salles où la ségrégation était présente.
Nathaniel Adams Coles,surnommé Nat King Cole,l'un des plus grands crooners des années 1950, étudie le piano et l'orgue jusqu'à ses 12 ans avec sa mère qui dirige le choeur de la première église baptiste om son père est le pasteur.
Il entre à l'École secondaire Wendell Phillips et il crée un ensemble jazz, Nat Coles and His Rogues of Rhythm . L'ensemble bat Earl « Fatha » Hines dans un Battle of the Bands à la salle de danse Savoy.
Cole reçoit le titre de Prince of the Ivories.
Cole rencontre le guitariste Oscar Moore et le bassiste Wesley Prince en 1937 et les trois hommes forment un nouvel ensemble à la demande de Bob Lewis, le directeur de l'Auberge Swanee.
Lewis crée un coup publicitaire en demandant que Cole porte une couronne et s'appelle Nat « King » Cole.
La couronne ne survit pas mais son nouveau nom subsiste avec la décision de Cole d'éliminer la lettre « s » à la fin de son nom.
Cole essaie avec réticence de chanter avec son trio, sans savoir que c'est sa voix qui lui vaudra son plus grand succès.
Il décide de poursuivre le chant pour ajouter de la variété à son ensemble qui est alors uniquement instrumental.
C'est la meilleure décision de sa carrière.
L'ensemble est maintenant connu comme le King Cole Trio et il reçoit un contrat d'enregistrement à court terme avec le label Decca, avec qui le trio enregistre Sweet Lorraine et Honeysuckle Rose.
Ils signent par la suite avec le label Capitol Records et produisent Straighten Up and Fly Right.
La chanson se vend à plus d'un million de copies dans la première année et donne la preuve de l'importance de la voix de Cole.
En 1942, Johnny Miller remplace Wesley Prince comme bassiste dans le King Cole Trio.
Le 15 mars 1945, l'album du trio,The King Cole Trio (Vol.1) devient le premier album numéro 1 sur le Premier Album Chart de Billboard.
L'album suivant, The King Cole Trio (Vol. 2) sort en 1946 avec le succès de la chanson no1 (I Love You) For Sentimental Reason.
Cet album comprend deux enregistrements très célèbres de Cole, The Christmas Song et (Get Your Kicks On) Route 66.
Dans la première, Cole chante avec un orchestre à cordes pour la première fois.
Des enregistrements orchestraux modifient ensuite le rôle du trio dans la carrière de Cole.
Cole devient l'animateur pour l'été (en remplacement de Bing Crosby) du spectacle radio de la chaîne Kraft Music Hall.
Il joue à Las Vegas pour la première fois en 1946.
Il refuse d'y retourner après avoir découvert que le directeur du casino ne permet pas aux noirs d'y entrer.
Ce n'est que le début d'une carrière au cours de laquelle il est confronté à de nombreux enjeux raciaux.
Son succès de 1950, Mona Lisa, est une chanson qu'il n'aimait pas à l'origine mais qui se vend à plus de trois millions d'exemplaires et devient une de ses chansons les plus connues.
1950 est une année importante avec la première tournée pour le trio en Europe et leur première visite à l'émission d'Ed Sullivan.
Il est invité à chanter pour la Reine Élizabeth II au palais Victoria en 1960 avec Liberace et Sammy Davis, Jr..
Cole est connu comme le quatrième afro-américain (avec Bob Howard, Hazel Scott et Billy Daniels) à avoir sa propre émission de télévision, The Nat King Cole Show, qui débute sur NBC le 5 novembre 1956.
Elle commence par avoir une durée de 15 minutes puis passe à 30 minutes par la suite, même si elle ne parvient pas à s'assurer une plage horaire constante sur NBC.
The Nat King Cole Show survit à peu près un an, avant d'être arrêtée le 17 décembre 1957.
Cet arrêt est dû au manque de sponsors,en lien avec la réticence des grandes entreprises à soutenir un homme noir à la télévision.
Cependant, Love Is The Thing est un album classé numéro 1 la même année.
Cole est confronté au racisme toute sa vie notamment lorsqu'il emménage avec sa famille le 28 août 1948 dans le quartier prestigieux de Hancock Park à Los Angeles,uniquement occupé par des blancs .
Les résidents lui envoient alors une lettre dans laquelle ils indiquent qu'ils ne veulent pas avoir de personnes « indésirables » dans leur voisinage.
La réaction de Cole est restée célèbre : il répond à ses voisins que s'il y en a dans la région, il le leur fera savoir.
Le 10 avril 1956, un groupe d'hommes blancs attaquent Cole pendant un concert à Birmingham en Alabama.
Ils sont membres du White Citizens' Council de Birmingham.
Cole affirme qu'il ne jouera plus jamais en Alabama à l'avenir.
C'est également la dernière fois qu'il monte un concert dans le sud des États-Unis.
Cole fait partie de la distribution d'un grand nombre de films, parmi lesquels Killer Diller (1948), The Blue Gardenia (1953), Small Town Girl (1953), The Scarlet Hour (1956), Istanbul (1957), China Gate (1957), St. Louis Blues (1958), et Cat Ballou (1965).
Ce dernier film sort après la mort de Cole.
Il joue du piano et chante souvent dans ses films.
Cole s'associe avec John F. Kennedy après avoir chanté à la convention nationale démocrate en 1960 lorsque Kennedy est désigné comme candidat à la présidence.
Cole chante ensuite pour l'investiture de Kennedy en 1961, avec Frank Sinatra et d'autres artistes célèbres.
Kennedy et Cole deviennent de bons amis et Kennedy demande l'avis de Cole pour ce qui concerne le Mouvement des droits civiques aux États-Unis.
Cole est atteint du cancer de la gorge.
Il est capable d'enregistrer son dernier album, L-O-V-E, en décembre 1964 mais il ne voit pas l'album sortir au printemps 1965.
Il succombe le 15 février 1965 .
Il est enterré au cimetière Forest Lawn à Glendale en Californie.
Il reçoit le prix pour l'ensemble de son œuvre lors des Grammy Awards en 1990.
L'année suivante, sa fille,Natalie Cole, sort un album qui comprend un duo virtuel de la chanson de son père Unforgettable et l'album gagne le prix de l'album de l'année aux Grammy Awards.
Le service postal des États-Unis crée un timbre pour honorer Cole en 1994.
Il est présenté au Rock and Roll Hall of Fame en 2000 comme influence du genre rock durant le XXe siècle.
« Un OUI n'a de sens que si celui qui le prononce, a la capacité de dire NON...»
Lamine Guèye (1891-1968)
Piqûre de rappel....Le 18 Mars 1978 se retrouvent à Monrovia les présidents sénégalais Léopold Sédar Senghor,guinéen Ahmed Sékou Touré, et ivoirien Félix Houphouët-Boigny pour mettre fin officiellement à une brouille de près de 20 ans.
Sur les ondes de "la Voix de la révolution" ,Sekou Toure qualifiait ses homologues sénégalais et ivoirien,sans ambages, de "laquais de l'impérialisme et du néo-colonialisme",l es suspectant d'être au service de "l'orgueilleuse" France gaullienne qui, n'ayant jamais pardonné à la Guinée le fameux "non" du 28 septembre 1958 ayant conduit le territoire à l'indépendance "totale et immédiate", mettait selon lui, tout en oeuvre pour le "punir".
Le 18 mars 1978 se tient à Monrovia le sommet des "six" réunissant les présidents guinéen Ahmed Sékou Touré,sénégalais Léopold Sédar Senghor,ivoirien Félix Houphouet Boigny,libérien William Tolbert,gambien Sir Daouda Jawara et togolais le général Eyadéma,président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le 20 mars les 3 dirigeants africains,de Guinée,du Sénégal et de Côte d'ivoire mettent fin à leur brouille en se donnant publiquement l'accolade.
S'en suit la réouverture des frontières,le reprise des relations diplomatiques,et,lentement la libre circulation des biens et des personnes.
« La Révolution démocratique et populaire a besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus, d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de soumis qui subissent leur destin »
Thomas Isidore Noël Sankara (1949-1987)
Piqûre de rappel....Le 19 Mars 1984,le nouvel ambassadeur de France au Burkina-Faso Jacques Le Blanc adresse un télex à sa hiérarchie pour prévenir « des effets pernicieux occasionnés par le désintérêt des officiels français vis-à-vis de la révolution et « les dégâts » que les réserves à l'égard du régime Sankara ne manquent pas de provoquer.
« Il convient de garder à l'esprit que la révolution voltaïque est plus l'aboutissement d'un processus amorcé en novembre 1980 qu'un nouvel avatar dans une succession de coups d'État sans lien entre eux ».
Il met en garde contre la contagion possible du « phénomène Sankara » aux pays environnants.
Dans son télex du 19 mars 1984, il explique : « [Il] a derrière lui, avec la jeunesse, toute la frange de la population qui descend volontiers dans la rue.Nul ne se hasarderait à contester le bien-fondé de cette révolution,de son inspiration, l’intégrité de ses dirigeants et le dévouement à la cause publique des membres du Comité. » En d’autres termes, « la mise en difficulté du régime signifiera sa radicalisation, soit sa résistance avec repli ou appui sur la base arrière ghanéenne avec une aide libyenne. C’est pourquoi tout ce qui pourrait gêner le régime actuel serait lourd de conséquences non seulement pour la Haute-Volta mais également pour l’ensemble de la sous-région. »
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné.
« Le vacarme des foules qui acclament un champion ne me convient pas. Dans ce tintamarre où les dictateurs, les rois et les puissants se plaisent, je suis, malgré des apparences accidentelles, totalement perdu. Ces orages et ces fracas rappellent les manifestations de Baal à qui nous sacrifions parfois notre vie. Si nous voulons nous retrouver et découvrir chaque nuance de l'aurore qui éclate au bout de la nuit, c'est le silence qui est notre meilleur compagnon. Ce silence chargé de signification nous rapproche plus intimement de nous-mêmes et plus authentiquement des autres. Il nous fait apprécier la nécessaire passion de l'essentiel..»
Albert Tévoedjrè
Piqûre de rappel....Le 20 Mars 1951 s'ouvre à Paris le congrès constitutif de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France.
Elle agit au sein des universités françaises,et,milite aux côtés des peuples africains colonisés pour la liberté et l'union du continent.
Un engagement sanctionné par des suppressions de bourse et des expulsions.
La FEANF publie un journal "L’Etudiant d’Afrique noire" dont le 1er numéro sort en 1954.
Il est saisi à plusieurs reprises pour ses prises de position,notamment en faveur du FLN algérien, et les manifestations de solidarité avec l’Union générale des étudiants musulmans algériens.
Albert Tévoédjrè, son rédacteur en chef de 1956 à 1957, est inculpé en 1957 pour « atteinte à la sûreté extérieure de l’État ».
La FEANF commande à 4 avocats, dont Jacques Vergés (ancien président du Comité de liaison des étudiants coloniaux), la rédaction d’un ouvrage, "Le sang de Bandoeng" (Présence Africaine, 1958), véritable réquisitoire contre les méthodes françaises en Algérie qui sera immédiatement saisi par la police.
La FEANF est créée aux congrès successifs de Lyon en avril 1950 et de Bordeaux en décembre de la même année, grâce aux efforts conjugués de quelques associations académiques d’étudiants africains.
En 1962, la FEANF qui a pourtant déjà connu ses premières grandes difficultés regroupent encore 2 500 cotisants sur un ensemble d’approximativement 8000 étudiants poursuivant leurs études en France.
On décompte à ses congrès près de 600 participants.
La Fédération regroupait deux types de structures distinctes : les sections académiques fondées sur le lieu d’études (14 en 1960) et les sections territoriales (21 en 1960) , devenues après 1960 sections nationales, qui regroupent les étudiants par territoires ou pays d’origine. Chaque section a un bureau dont le président, ainsi qu’un deuxième délégué, siège au Conseil d’administration.
La FEANF fut opposée à l’Union française, à la loi-cadre de 1956, considérée comme responsable de la balkanisation de l’Afrique comme à la Communauté franco-africaine proposée par le referendum de 1958.
Déclarée comme association loi de 1901,elle est dissoute par le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing le 5 mai 1980.
« Si vous voulez vous libérer vous-mêmes, vous devez vous-mêmes briser les chaînes de l’oppression, et c’est seulement après avoir été libéré nous-mêmes que nous pourrons coopérer avec d’autres groupes. Toutes acceptation d’humiliation, l’indignité ou insulte est l’acceptation d’infériorité.»
Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela-Mandela, dite Winnie Mandela
(1936 – 2018)
Piqûre de rappel....Le 21 Mars 1960 à Sharpeville au sud de Johannesburg en Afrique du Sud une manifestation pacifique contre le port obligatoire du passeport intérieur est violemment réprimée par la police faisant plus de 60 morts et près de 180 blessés.
Plus tard, un rapport révèle que plus de 700 balles ont été tirées, toutes par la police.
Des témoins déclarent avoir vu les policiers placer des fusils et des couteaux dans la main des victimes mortes, pour faire croire qu’elles étaient armées et violentes pendant la manifestation.
Le document d’identité imposé par le régime d'apartheid limite et contrôle les déplacements des Noirs,restreignant les endroits où elles peuvent vivre et travailler.
Le département d'État américain critique vivement Pretoria. L'ONU condamne le gouvernement sud-africain.
Le 1er avril, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte une résolution condamnant le massacre et demandant au gouvernement sud-africain d’abandonner sa politique d’apartheid.
Un mois plus tard, l’Assemblée générale des Nations Unies déclare que l’apartheid viole la Charte des Nations Unies. C’est la première fois que les Nations Unies discutent de l’apartheid.
Six ans plus tard, résultat direct du massacre de Sharpeville, les Nations Unies font du 21 mars la Journée Internationale pour l'élimination de la discrimination raciale.
La France et la Grande-Bretagne s'abstiennent.
Le 8 avril,le pouvoir sud-africain interdit l'ANC et le PAC.
L'interdiction durera 30 ans....
Les lois du régime de l’apartheid groupent la population sud-africaine en quatre catégories : personnes blanches/européennes; personnes autochtones/noires; personnes de couleur ou métisses (de « races mêlées »); et personnes indiennes/asiatiques.
La population blanche, qui compte pour 15 % de la population sud-africaine, est au sommet et détient pouvoir et richesses.
La population sud-africaine noire, soit 80 % de la population du pays, est reléguée tout au bas de la hiérarchie.
Les lois de l’apartheid restreignent presque tous les aspects de la vie des personnes noires en Afrique du Sud.
« Plus nous serons unis, mieux nous résisterons à l'oppression, à la corruption et aux manœuvres de division auxquelles se livrent les spécialistes de la politique du « diviser pour régner»...»
Patrice Émery Lumumba (1925 – 1961)
Piqûre de rappel....Le 22 Mars 1959,Patrice Lumumba prononce un discours à Ibadan au Nigeria à une conférence internationale sur l'unité africaine et l'indépendance :
« Je remercie le Congrès pour la Liberté et la Culture et l'Université d'Ibadan pour l'aimable invitation qu'ils ont bien voulu m'adresser pour assister à cette Conférence Internationale où l'on discute du sort de notre chère Afrique.
C'est une satisfaction pour moi de rencontrer ici plusieurs Ministres Africains, des hommes de lettres, des syndicalistes, des journalistes et des personnalités internationales, qui s'intéressent aux problèmes de l'Afrique.
C'est par ces contacts d'homme à homme, par des rencontres de ce genre que les élites africaines pourront se connaître et se rapprocher afin de réaliser cette union qui est indispensable pour la consolidation de l'unité africaine.
En effet, l'unité africaine tant souhaitée aujourd'hui par tous ceux qui se soucient de l'avenir de ce continent, ne sera possible et ne pourra se réaliser que si les hommes politiques et les dirigeants de nos pays respectifs font preuve d'un esprit de solidarité, de concorde et de collaboration fraternelle dans la poursuite du bien commun de nos populations.
C'est pourquoi l'union de tous les patriotes est indispensable, surtout pendant cette période de lutte et de libération.
Les aspirations des peuples colonisés et assujettis sont les mêmes; leur sort est également le même.
D'autre part, les buts poursuivis par les mouvements nationalistes, dans n'importe quel territoire africain, sont aussi les mêmes.
Ces buts, c'est la libération de l'Afrique du joug colonialiste.
Puisque nos objectifs sont les mêmes, nous atteindrons facilement et plus rapidement ceux-ci dans l'union plutôt que dans la division.
Ces divisions, sur lesquelles se sont toujours appuyées les puissances coloniales pour mieux asseoir leur domination, ont largement contribué -et elles contribuent encore -au suicide de l'Afrique.
Comment sortir de cette impasse '?
Pour moi, il n'y a qu'une voie. Cette voie, c'est le rassemblement de tous les Africains au sein des mouvements populaires ou des partis unifiés.
Toutes les tendances peuvent coexister au sein de ces partis de regroupement national et chacun aura son mot à dire tant dans la discussion des problèmes qui se posent au pays, qu'à la direction des affaires publiques.
Une véritable démocratie fonctionnera à l'intérieur de ces partis et chacun aura la satisfaction d'exprimer librement ses opinions.
Plus nous serons unis, mieux nous résisterons à l'oppression, à la corruption et aux manoeuvres de division auxquelles se livrent les spécialistes de la politique du « diviser pour régner» .
Ce souhait d'avoir dans nos jeunes pays des mouvements ou des partis unifiés ne doit pas être interprété comme une tendance au monopole politique ou à une certaine dictature. Nous sommes nous-mêmes contre le despotisme et la dictature.
Je veux attirer l'attention de tous qu'il est hautement sage de déjouer, dès le début, les manoeuvres possibles de ceux qui voudraient profiter de nos rivalités politiques apparentes pour nous opposer les uns aux autres et retarder ainsi notre libération du régime colonialiste.
L'expérience démontre que dans nos territoires africains, l'opposition que certains éléments créent au nom de la démocratie, n'est pas souvent inspirée par le souci du bien général; la recherche de la gloriole et des intérêts personnels en est le principal, si pas l'unique mobile.
Lorsque nous aurons acquis l'indépendance de nos pays et que nos institutions démocratiques seront stabilisées, c'est à ce moment là seulement que pourrait se justifier l'existence d'un régime politique pluraliste.
L'existence d'une opposition intelligente, dynamique et constructive est indispensable afin d'équilibrer la vie politique et administrative du gouvernement au pouvoir. Mais ce moment ne semble pas encore venu et ce serait desservir le pays que de diviser aujourd'hui nos efforts.
Tous nos compatriotes doivent savoir qu'ils ne serviront pas l'intérêt général du pays dans des divisions ou en favorisant celles-ci, ni non plus dans la balkanisation de nos pays en de petits états faibles.
Une fois le territoire national balkanisé, il serait difficile de réinstaurer l'unité nationale.
Préconiser l'unité africaine et détruire les bases mêmes de cette unité, n'est pas souhaiter l'unité africaine.
Dans la lutte que nous menons pacifiquement aujourd'hui pour la conquête de notre indépendance, nous n'entendons pas chasser les Européens de ce continent ni nous accaparer de leurs biens ou les brimer.
Nous ne sommes pas des pirates.
Nous avons au contraire, le respect des personnes et le sens du bien d'autrui.
Notre seule détermination ,et nous voudrions que l'on nous comprenne,est d'extirper le colonialisme et l'impérialisme de l' Afrique.
Nous avons longtemps souffert et nous voulons respirer aujourd'hui l'air de la liberté.
Le Créateur nous a donné cette portion de la terre qu'est le continent africain; elle nous appartient et nous en sommes les seuls maîtres.
C'est notre droit de faire de ce continent un continent de la justice, du droit et de la paix.
L'Afrique toute entière est irrésistiblement engagée dans une lutte sans merci contre le colonialisme et l'impérialisme.
Nous voulons dire adieu à ce régime d’assujettissement et d'abâtardissement qui nous a fait tant de tort.
Un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple civilisé et chrétien.
L'Occident doit libérer l' Afrique le plus rapidement possible.
L'Occident doit faire aujourd'hui son examen de conscience
et reconnaître à chaque territoire colonisé son droit à la liberté et à la dignité.
Si les gouvernements colonisateurs comprennent à temps nos aspirations, alors nous pactiserons avec eux, mais s'ils s'obstinent à considérer l' Afrique comme leur possession, nous serons obligés de considérer les colonisateurs comme ennemis de notre émancipation.
Dans ces conditions, nous leur retirerons avec regret notre amitié.
Je me fais le devoir de remercier ici publiquement tous les
Européens qui n'ont ménagé aucun effort pour aider nos populations à s'élever.
L'humanité tout entière leur saura gré pour la magnifique oeuvre d'humanisation et d'émancipation qu'ils sont en train de réaliser dans certaines parties de l' Afrique.
Nous ne voulons pas nous séparer de l'Occident, car nous savons bien qu'aucun peuple au monde ne peut se suffire à lui même.
Nous sommes partisans de l'amitié entre les races, mais l'Occident doit répondre à notre appel.
Les occidentaux doivent comprendre que l'amitié n'est pas possible dans les rapports de sujétion et de subordination.
Les troubles qui éclatent actuellement dans certains territoires africains et qui éclateront encore ne prendront fin que si les puissances administratives mettent fin au régime colonial.
C'est la seule voie possible vers une paix et une amitié réelles entre les peuples africains et européens.
Nous avons impérieusement besoin de l'apport financier, technique et scientifique de l'Occident en vue du rapide développement économique et de la stabilisation de nos sociétés.
Mais les capitaux dont nos pays ont besoin doivent s'investir sous forme d'entraide entre les nations.
Les gouvernements nationaux donneront toutes les garanties voulues à ces capitaux étrangers.
Les techniciens occidentaux auxquels nous faisons un pressant appel viendront en Afrique non pour nous dominer mais bien pour servir et aider nos pays.
Les Européens doivent savoir et se pénétrer de cette idée que le mouvement de libération que nous menons aujourd'hui à travers toute l'Afrique,n'est pas dirigé contre eux, ni contre leurs biens, ni contre leur personne,mais simplement et uniquement, contre le régime d'exploitation et d'asservissement que nous ne voulons plus supporter. S'ils acceptent de mettre immédiatement fin à ce régime instauré par leurs prédécesseurs, nous vivrons avec eux en amis, en frères.
Un double effort doit être fait pour hâter l'industrialisation de nos régions et le développement économique du pays. Nous adressons un appel aux pays amis afin qu'ils nous envoient beaucoup de capitaux et de techniciens.
Le sort des travailleurs noirs doit aussi être sensiblement amélioré.
Les salaires dont ils jouissent actuellement sont nettement insuffisants.
Le paupérisme dans lequel vivent les classes laborieuses est à la base de beaucoup de conflits sociaux que l'on rencontre actuellement dans nos pays.
A ce sujet, les syndicats ont un grand rôle à jouer, rôle de défenseurs et d'éducateurs.
Il ne suffit pas seulement de revendiquer l'augmentation des salaires, mais il est aussi d'un grand intérêt d'éduquer les travailleurs afin qu'ils prennent conscience de leurs obligations professionnelles, civiques et sociales, et qu'ils aient également une juste notion de leurs droits.
Sur le plan culturel, les nouveaux états africains doivent faire un sérieux effort pour développer la culture africaine. Nous avons une culture propre,des valeurs morales et artistiques inestimables, un code de savoir-vivre et des modes de vie propres.
Toutes ces beautés africaines doivent être développées et préservées avec jalousie.
Nous prendrons dans la civilisation occidentale ce qui est bon et beau et rejetterons ce qui ne nous convient pas.
Cet amalgame de civilisation africaine et européenne donnera à l'Afrique une civilisation d'un type nouveau, une civilisation authentique correspondant aux réalités africaines.
Des efforts sont aussi à faire pour la libération psychologique des populations.
On constate chez beaucoup d'intellectuels, un certain conformisme dont on connaît les origines.
Ce conformisme provient des pressions morales et des mesures de représailles qu'on a souvent exercées sur les intellectuels noirs.
Il suffisait de dire la vérité pour que l'on fut vite taxé de révolutionnaire dangereux, xénophobe, meneur, élément à surveiller, etc.
Ces manœuvres d'intimidation et de corruption morale doivent prendre fin.
Il nous faut de la véritable littérature et une presse libre dégageant l'opinion du peuple et non plus ces brochures de propagande et une presse muselée.
J'espère que le « Congrès pour la Liberté de la Culture nous aidera dans ce sens.
Nous tendons une main fraternelle à l'Occident,qu'il nous donne aujourd'hui la preuve du principe de l'égalité et de l'amitié des races que ses fils nous ont toujours enseigné sur les bancs de l'école, principe inscrit en grands caractères dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Les Africains doivent jouir, au même titre que tous les autres citoyens de la famille humaine, des libertés fondamentales inscrites dans cette Déclaration et des droits proclamés dans la Charte des Nations Unies.
La période des monopoles des races est révolue.
La solidarité africaine doit se concrétiser aujourd'hui dans les faits et dans les actes.
Nous devons former un bloc pour prouver au monde notre fraternité.
Pour ce faire, je suggère que les gouvernements déjà indépendants apportent toute leur aide et appui aux pays non encore autochtones.
Pour favoriser les échanges culturels et le rapprochement entre les pays d'expression française et ceux d'expression anglaise, il faudrait rendre l'enseignement du français et de l'anglais obligatoire dans toutes les écoles d'Afrique.
La connaissance de ces deux langues supprimera les difficultés de communication auxquelles se heurtent les Africains d'expression anglaise et ceux d'expression française lorsqu'ils se rencontrent.
C'est là un facteur important d'interpénétration.
Les barrières territoriales doivent aussi être supprimées dans le sens d'une libre circulation des Africains à l'intérieur des états africains.
Des bourses d'études seraient également à prévoir en faveur d'étudiants des territoires dépendants.
Je profite de l'occasion qui m'est offerte pour rendre publiquement hommage au Dr Kwamé Nkrumah et à M. Sékou Touré d'avoir réussi à libérer nos compatriotes du Ghana et de la Guinée.
L' Afrique ne sera vraiment libre et indépendante tant qu'une partie quelconque de ce continent restera sous la domination étrangère.
Je conclus mon intervention par ce vibrant appel : Africains, levons-nous !
Africains, unissons-nous !
Africains, marchons main dans la main avec ceux qui veulent nous aider pour faire de ce beau continent un continent de la liberté et de la justice.»
« En Afrique,le pouvoir, ça se prend et ça ne se rend pas »
Albert-Bernard Bongo devenu El Hadj Omar Bongo Ondimba (1935 – 2009)
Piqûre de rappel....Le 23 Mars 1990 s'ouvre au Gabon sur fond de tension sociale la conférence nationale.
Un tournant politique majeur qui débouche sur la fin du parti unique, l’instauration du multipartisme,la formation d’un gouvernement de transition, l’organisation d’élections législatives multipartites, la création d'une cour constitutionnelle, d'un conseil national de la communication.
Des décisions censées apaiser les tensions.
En effet,le 22 février 1990, un Conseil des ministres extraordinaire prend des mesures de sécurité et interdit toute réunion de plus de cinq personnes de 20 heures à 6 heures.
Un couvre-feu pour contenir la colère sociale croissante depuis plusieurs semaines.
La conférence nationale s'achève le 23 avril.
Des élections législatives sont prévues à la fin de l'année.
Le 27 avril, le président Omar Bongo annonce la nomination d'un nouveau Premier ministre, Casimir Oyé-Mba,en remplacement de Léon Mébiame, chef du gouvernement depuis août 1981.
Le 21 mai,le Parlement adopte la réforme constitutionnelle instaurant le multipartisme.
Le 23 mai,à l'annonce du décès suspect,à Libreville,de Joseph Rendjambe,secrétaire général du Parti gabonais du progrès, des troubles éclatent dans la capitale et à Port-Gentil, deuxième ville du pays, où le consul de France est retenu plusieurs heures en otage par des opposants au régime du président Omar Bongo.
Le couvre-feu est instauré dans tout le pays.
Le 24 mai, la France envoie au Gabon des renforts militaires importants.
La plupart des deux mille cinq cents Français résidant à Port-Gentil sont rapatriés ou regroupés sous la protection de l'armée française, tandis que la compagnie Elf, qui exploite le pétrole offshore, interrompt presque totalement sa production.
Le 29 mai, Elf, que le président Bongo avait mis en garde la veille, annonce la reprise de ses activités.
« Je proclame, au nom de la nation, la naissance de la République du Congo »
Joseph Kasa-Vubu (1917 –1969)
Piqûre de rappel....Le 24 Mars 1969 disparaît Joseph Kasa-Vubu,premier président du Congo-Kinshasa de 1960 à 1965.
Évincé par le coup d'État de Joseph-Désire Mobutu le 24 novembre 1965 qui l'astreint à résidence,il meurt faute de soins dans sa résidence surveillée de Kisundi à Boma, dans le Bas-Congo.
Son corps est dans un mausolée depuis 2006,situé au village Singhini à 215 km de Matadi.
Huitième enfant et dernier garçon de la famille,il n'a que 4 ans quand sa mère meurt.
En 1925, Il a douze ans, il est baptisé et commence des études primaires à la maison de Kizu, tenue par des missionnaires de Scheut.
En 1927,il loge à la mission pour y faire son école primaire par les premiers moniteurs noirs formés par les pères.
Il termine sa quatrième année, et est sélectionné dans un recrutement ecclésiastique, parmi les meilleurs élèves pour être envoyés au petit séminaire de Mbata-Kiela où il reste de 1929 à 1936.
Son père meurt en 1936.
Fin 1940, il reçoit son diplôme de moniteur.
Il est nommé titulaire de la classe de sixième à l'école normale.
Kasa-Vubu fut le premier noir à enseigner dans cette classe. Kasa-Vubu innove, il donne tous ses cours en français.
Il travaille un temps à la Société forestière et agricole du Mayumbe (Agrifor),puis postule et obtient une place à l'administration centrale.
En 1945, il crée l'Union des intérêts sociaux congolais (Unisco) pour combattre les discriminations raciales et l'amélioration des conditions des Congolais.
En 1946,Kasa-Vubu devient le secrétaire général de l'Adapes.
Il écrit dans plusieurs périodiques de l'époque.
Le 21 mars 1954 ,il est élu à la présidence de l'Abako,créée en 1949 par Edmond Nzeza Nlandu pour unifier, conserver et perfectionner la langue kikongo ».
Kasa-Vubu en fait un puissant instrument politique.
Aux élections municipales du 8 décembre 1957, l'Abako remporte 130 sièges des conseillers sur 170, soit 78,2.
Kasa-Vubu devient bourgmestre de Dendale, l'actuelle commune de Kasa-Vubu.
Les premières élections législatives organisées sur l'ensemble du territoire national en 1960 voient la victoire du Mnc/Lumumba sur l'Abako de Kasa-Vubu qui remporte, néanmoins, tous les sièges dans le Bas-Congo et trois sièges sur quatre à Léopoldville.
Aucun parti n'ayant obtenu une victoire suffisante pour gouverner seul, deux principales coalitions politiques se forment, l'un autour du Mouvement National Congolais (Mnc/L), de Patrice Lumumba; l'autre sous l'appellation Cartel d'Union Nationale, autour de Kasa-Vubu.
Les deux coalitions représentées au parlement se partagent le pouvoir.
Lumumba forme le gouvernement en tant que premier premier ministre, et Kasa-Vubu devient le tout premier président de la jeune République.
« Respect, c’est l’hymne d’une femme, un cri de bataille, un mantra. Mais tout le monde veut le respect, tout le monde a besoin de respect. Les plus jeunes comme les plus âgés, les hommes, les femmes, nous voulons tous le respect et nous voulons tous être valorisés. »
Aretha Louise Franklin (1942 –2018)
Piqûre de rappel....Le 25 Mars 1942 naît Aretha Louise Franklin, « The Queen of soul » ou « Lady Soul ».
Son titre "RESPECT" est repris comme un hymne en pleine lutte pour les droits civiques.
C'est la 1ère femme noire à faire la couverture de Time Magazine.
Son père Clarence LaVaughn Franklin, est un pasteur et militant reconnu des droits civiques.
Elle chante avec ses deux soeurs, Emma et Carolyn dans la chorale de la paroisse.
Elle enregistre son premier disque à quatorze ans, The Gospel Soul of Aretha Franklin, dans lequel elle s'accompagne déjà au piano.
Lorsqu'elle s'installe à New York au début des années 1960, le producteur John H. Hammond, Sr. est séduit par sa voix.
En 1967, Aretha Fraklin rallie le label Atlantic et s'associe avec les producteurs Arif Mardin et Jerry Wexler.
Les premières séances dans les studios du label Fame à Muscle Shoals (Alabama) produisent « I Never Loved a Man (The Way I Love You) », premier grand succès de la chanteuse.
Suivront : « Respect », « Chain of Fools », « Baby I Love You », « I Say a Little Prayer », « Think », « The House That Jack Built » et beaucoup d'autres.
Aretha Franklin enchaîne dix hits classés dans le Top 10 en dix-huit mois et une production constante de succès les cinq années suivantes.
Aretha Franklin devient le symbole de la communauté noire et se positionne en tête d'une décennie de combats pour les droits civiques.
Martin Luther King lui remet le Christian Leadership Award.
Sa version de la chanson « Respect » d'Otis Redding,est repris par la communauté noire comme chant revendicatif.
En 1972, elle rend hommage à son père et à la communauté baptiste dans Amazing Grace.
Les albums se succèdent toujours avec succès : Hey Now Hey (The Other Side of the Sky, produit en 1973 par Quincy Jones) ou Sparkle (produit en 1976 par Curtis Mayfield) Jump to It en 1982 et Get it Right en 1983 produits par Luther Vandross,Who's Zoomin' Who (1986), produit par Dave Stewart (Eurythmics).
Son duo avec George Michael (« I Knew You Were Waitin' for Me », 1986) devient n°1 et lui permet de se voir attribuer un nouveau Grammy Award.
La même année, Keith Richards apparaît dans son album Aretha.
Le 3 janvier 1987, elle est la première femme à être honorée par le Rock and Roll Hall of Fame.
En 1989, elle enregistre des duos avec Elton John et Whitney Houston.
En 1994, elle se voit attribuer un Grammy Award pour l'ensemble de sa carrière (le dix-huitième).
L'album A Rose Is Still a Rose (1998) la voit faire une incursion dans le R&B et le rap.
Le 5 février 2006, elle interprète l'hymne national aux côtés de Dr. John et Aaron Neville à l'occasion de la finale du Super Bowl et chante pour le nouveau président des Etats-Unis, Barack Obama, le 20 janvier 2009.
Reine de la soul, Aretha Franklin est hospitalisée en urgence à Détroit le 13 août 2018.
Elle meurt trois jours plus tard,à 76 ans.
« Il n'y a pas de dignité sans liberté : nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l'esclavage ...»
Ahmed Sékou Touré (1922 –1984)
Piqûre de rappel....Le 26 Mars 1984 meurt Ahmed Sékou Touré,père de l'indépendance guinéenne.
Opéré du cœur à Cleveland, en Ohio,il ne survit pas.
Au cours de l’opération, commencée vers midi et qui dure près de quatre heures,le coeur lâche.
Les efforts des chirurgiens pour arrêter les hémorragies et ramener Sékou à la vie sont vains.
II est 15 heures 23 minutes à Cleveland, 22 heures 23 à Conakry, ce lundi 26 mars 1984.
40 jours de deuil national sont décrétés.
Son corps est rapatrié en Guinée et ses funérailles ont lieu le 30 mars en présence de 20 chefs d'État africains et du vice-président des États-Unis, George Bush.
Le 30 mars au matin, sa dépouille est transportée au Stade du 28 septembre, où 20.000 militants assistent à la cérémonie.
Le vice-président George Bush représente les Etats-Unis, le premier ministre Pierre Mauroy la France,le prince héritier Sidi Mohamed le Maroc (Hassan II a ordonné trois jours de deuil national au Maroc).
Sont présents également :
Kapitonov, secrétaire du comité central du parti communiste de l’Union soviétique
Félix Houphouët-Boigny (Côte-d’Ivoire)
Gnassingbé Eyadema (Togo)
Hissène Habré (Tchad)
Dawda Jawara (Gambie)
Ould Haidallah (Mauritanie)
Aristide Pereira (Cap-Vert)
Abdou Diouf (Sénégal)
Omar Bongo (Gabon)
Muhammad Zia-ul-Haq (Pakistan)
Samora Machel (Mozambique)
Julius Nyerere (Tanzanie)
Seyni Kountché (Niger)
Matthieu Kerekou (Bénin)
Moussa Traoré (Mali)
Kenneth Kaunda (Zambie)
Samuel Doe (Liberia)
Hosni Moubarak (Egypte)
Yasser Arafat (OLP)
Blaise Compaoré (Haute Volta)
Général Idiagbon (Nigeria)
Xi Zhong-Xun (Chine)
Grigorov (Bulgarie)
Hofmann (République démocratique allemande)
Edgard Pisani (qui représente la Communauté économique européenne)
Selon la Constitution,un nouveau président doit être élu dans les 45 jours suivant la mort.
Mais le 3 avril, un groupe d'officiers de l'armée, dirigé par Lansana Conté s'empare du pouvoir par un coup d'état.
Conté suspend la Constitution,dissout le parti unique et impose un couvre-feu.
« Dire aujourd'hui que la colonisation ait pu avoir un rôle positif est abject et raciste. Malheureusement, ce que cela montre, c’est que la poussée de l’extrême droite est aussi une réalité en France et pas seulement aux États-Unis. De plus, toute la politique française semble empreinte de racisme. C’est une question qui va être importante à résoudre pour tous ceux qui veulent un changement social...»
Angela Yvonne Davis
Piqûre de rappel....Le 27 Mars 1972 s'ouvre le procès d'Angela Yvonne Davis,figure emblématique du mouvement noir américain des black Panthers.
Brillante prof de fac de 26 ans, proche des Black Panthers et du Parti communiste,elle est accusée de meurtre dans un attentat visant à libérer des prisonniers politiques noirs.
4 personnes, dont un juge, sont tuées.
Inscrite sur la liste des 10 criminels les plus recherchés par le FBI, elle part en cavale.
Elle devient l'objet d'une vaste machination policière et politique.
Après son arrestation, l'opinion publique mondiale se mobilise : les Rolling Stones écrivent pour elle Sweet Black Angel, John Lennon et Yoko Ono enregistrent la chanson Angela.
Angela Yvonne Davis,militante des droits de l'homme,naît
le 26 janvier 1944 à Birmingham en Alabama.
Jusqu’à ses quatre ans,elle grandit dans des logements sociaux avant d’emménager dans un quartier habité majoritairement par des blancs,où naissent des tensions raciales lorsque d’autres familles noires s'y installent.
En 1949, son quartier est le théâtre d'un premier attentat contre une maison construite par des noirs.
Le quartier sera tristement célèbre sous le nom de «Dynamite Hill»,et,la violence à caractère raciste deviendra le quotidien d’Angela Davis.
A l’école primaire de Birmingham, fréquentée exclusivement par des noirs,elle apprend à entonner sur les bancs de sa classe l’hymne national noir de James Weldon Johnson.
Après le lycée, elle intègre en 1962 l’université de Brandeis dans le Massachusetts où il n’y a que trois noires, elle comprise.
En 1965, elle quitte son pays pour faire des études de philosophie, à Francfort.
En 1968, Angela Davis obtient son doctorat et devient enseignante à l’Université de San Diego, puis en 1969 à l'UCLA, mais elle est renvoyée de ces postes à cause de son activisme politique, notamment au sein des Black Panthers.
Son rôle au sein du « comité de soutien aux Frères de Soledad » lui vaut une inculpation pour complicité suite à la prise d'otages qui a fait 4 morts dans un tribunal.
En 1970 elle devient la troisième femme dans l'histoire à être inscrite sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI qui la retrouve après deux semaines de cavale.
Elle écope avant son jugement d'un emprisonnement de seize mois à New York, en Californie, à San Marino puis à San José.
Son procès du 5 janvier 1971 débouche sur une condamnation à mort.
Elle clame son innocence et déclenche un vaste mouvement de soutien aux Etats-Unis et dans le monde.
A Paris ,100 000 manifestants réclament sa libération, aux côtés de sa sœur Fania Davis ,Jean-Paul Sartre, Gerty Archimède,et Pierre Perret.
Déclarée non coupable par le jury du tribunal, elle échappe à la peine de mort et sort de prison en 1972.
La prison n'a pas entamé son militantisme et elle prend la plume pour des ouvrages sur la paix au Vietnam, l'antiracisme, le Black Feminism, les études afro-américaines, le marxisme ,le système carcéral et son autobiographie.
En 1980 et 1984, elle se présente aux élections présidentielles américaines comme candidate à la vice-présidence aux côtés de Gus Hall (1910-2000), leader du parti communiste des États-Unis d'Amérique.
Elle deviendra professeure "d'Histoire de la prise de conscience" à l'université de Californie, Santa Cruz.
Puis elle enseignera l'histoire de la conscience à l'Université de Californie, et fera campagne contre la guerre en Irak, contre l'industrie carcérale et la peine de mort.
En 2006, elle est récompensée par le Prix Thomas Merton.
Aujourd'hui, on lui doit une part de la formation des droits civiques, aux mêmes titres que Malcolm X ou Martin Luther King.
« La chose la plus difficile à ouvrir est un esprit fermé »
Ahmed Mohamed Kathrada ( 1929-2017 )
Piqûre de rappel....Le 28 Mars 2017 meurt Ahmed Mohamed Kathrada,militant anti-apartheid,enfermé pendant 26 ans par le pouvoir après son arrestation en 1963.
Membre du Congrès national africain,il a passé 18 ans dans la prison tristement célèbre de Robben Island.
Fils de commerçants indiens de confession musulmane,il naît en 1929 et grandit entre les populations Afrikaners blanches des villes et les Noirs des township.
Dès l’âge de 12 ans, il s’engage et distribue ses premiers tracts.
Son militantisme acharné lui coûte de nombreux va-et-vient entre les tribunaux et les cellules de prison.
Il participe à l’organisation d’une réunion de l’ANC qui donne lieu à la Freedom Charter,la Charte pour la liberté à l’origine de la philosophie politique de l’ANC.
En juillet 1963 il est arrêté avec Nelson Mandela et d'autres figures de la lutte anti-apartheid dans une ferme de Rivonia, au nord de Johannesburg, qui faisait figure de quartier général de la branche armée de l’ANC, la MK (Umkhonto we Sizwe, la pointe de la flèche).
Ahmed Kathrada,membre du Parti communiste sud-africain,est condamné à la prison à perpétuité.
En 1982, il est transféré à la prison de Pollsmoor en compagnie de ses camarades de lutte de l’ANC,dont Nelson Mandela et Walter Sisulu.
Il a 60 ans lorsqu’en 1989 il est enfin libéré.
« Kathy », comme le surnomme ses compagnons, devient alors conseiller du président Nelson Mandela en 1994.
Il devient également député mais ne restera pas longtemps dans la sphère politique, préférant se consacrer à la fondation qui porte son nom et dont l’objectif est de promouvoir les valeurs de la Charte de la liberté et de la Constitution sud-africaine.
Il a été enterré dans le carré musulman du cimetière de Westpark.
« Au contraire de l'Européen classique,le Négro-Africain ne se distingue pas de l'objet,il ne le tient pas à distance,il ne le regarde pas,il ne l'analyse pas.Il le touche,il le palpe,il le sent. »
Léopold Sédar Senghor ( 1906-2001 )
Piqûre de rappel....Le 29 Mars 1984,Léopold Sédar Senghor,est intronisé sous la coupole de l’Institut de France, à l’Académie française.
Léopold Sédar Senghor est élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort du duc de Lévis Mirepoix.
Auparavant,il fut élu membre associé étranger en 1969 à l’Académie des sciences morales et politiques. .
Ce 29 Mars 1984,il fait son entrée et prononce un discours :
« Messieurs,
Comme nombre de faits sociaux, les événements de Mai 1968 ont bouleversé, par-delà l’Université, la société française elle-même. En effet, ils allaient mettre en cause l’idée et, partant, la mission de l’Histoire. C’est que Mai 1968 a eu, dans l’Université, des conséquences d’abord négatives, mais qui, parce que telles, allaient provoquer des réactions vigoureuses, et fécondes en définitive.
Dès 1930, en effet, les historiens avaient commencé de critiquer l’Histoire telle qu’on l’avait enseignée sous la Troisième République. C’était, alors, un condensé, parfois pittoresque, de faits politiques et militaires, rigoureusement datés. Après Mai 1968, on adopta une autre Histoire : non pas intégrée, mais lacérée en thèmes et insérée dans un ensemble qu’on voulait « social ». On avait voulu s’évader d’un « pointillisme chronologique » ; on lui a substitué un «thématisme » où l’on sent un relent positiviste.
Les dégâts furent considérables, dont le moindre ne fut pas l’ignorance, croissante, du passé national où était la jeunesse française. C’est contre ce déracinement culturel que, dès 1979, réagit l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie. D’où la création, en 1982, de la « Mission » sur l’enseignement de l’Histoire, qui a abouti, l’an dernier, au rapport Girault.
Parmi ceux qui réagirent le plus vigoureusement contre la conception thématique de l’Histoire, figurait le duc de Lévis Mirepoix. Celui-ci lui opposait la vision globale, qui doit caractériser chaque époque, chaque continent, chaque peuple. Il s’agit d’une histoire intégrale, dans l’esprit de ce que j’appellerai la Révolution de 1889.
C’est en m’attachant à définir, sur le vif de son œuvre, la méthode de l’historien et le grand talent de l’écrivain que je pourrai le mieux, Messieurs, m’acquitter de mon devoir de reconnaissance envers vous. C’est le sens que je donne au très grand honneur que me fait le Président François Mitterrand, protecteur de l’Académie, en assistant à cette cérémonie. Auparavant, je voudrais parler d’Antoine de Lévis Mirepoix.
La famille du duc de Lévis Mirepoix a été, dès le XIIIe siècle, intimement mêlée à l’histoire de la nation française. En 1209, Guy de Lévis Mirepoix quitta son Ile de France pour accompagner, dans le Midi, Simon de Monfort, parti en croisade contre les Albigeois.
La longue lignée d’ancêtres tissée dans l’Histoire de France ne fut sans doute pas étrangère à la vocation de notre historien. Ses études classiques, terminées par une licence de philosophie en Sorbonne, la favorisèrent certainement. Du moins contribuèrent-elles à donner, à son Histoire de France – c’est le titre que je donnerai à l’ensemble de ses œuvres –, cette profondeur de vision qui la caractérise.
Des quelque trente-deux ouvrages de notre auteur, je ne veux retenir que ceux qui se rapportent à l’Histoire de France. Je distinguerai, d’une part, les ouvrages généraux et, d’autre part, ceux ressuscitant de grandes figures qui ont marqué leur époque. Parmi les premiers, je citerai : La France féodale, La Monarchie française, La France de la Renaissance, Grandeur et Misère de L’INDIVIDUALISME français. Parmi les derniers, je me suis arrêté à Philippe Auguste, Philippe le Bel, François Ier, Henri IV et Robespierre.
Derrière les événements ou, mieux, les faits, M. de Lévis Mirepoix entend nous suggérer une certaine idée de la France. Dans son cheminement à travers l’histoire de l’Hexagone, nous suivrons sa réalisation. En même temps, nous soulignerons, pour chaque époque, les traits caractéristiques, en évolution, de la civilisation française.
Mais qu’est-ce que l’Histoire ? Paradoxalement, mais heureusement, son objet n’a pas changé depuis quelque 2 400 ans, depuis Hérodote. En effet, dans le préambule de ses « Histoires », celui-ci nous les présente comme « l’exposé » des résultats de ses « recherches », qu’il voudrait faire garder dans la mémoire des hommes. Ses recherches sur les « actions importantes et remarquables aussi », accomplies aussi bien par les Barbares que par les Grecs. C’est ainsi que je traduis erga mégala té kaï thômasta. Toute l’Histoire est là, dans cette première phrase. L’Histoire considérée comme une « science humaine », qui met l’accent sur les faits significatifs.
Pour revenir à notre auteur, si M. de Lévis Mirepoix a gardé, voire accentué le sens humaniste, appliqué à l’histoire de France, sa méthode et ses moyens sont du XXe siècle. Il s’agit d’une histoire scientifique, voire quantitative. Cependant, en réaction contre le positivisme attardé, notre historien s’est fait, encore une fois, une vision intégrale de l’humanité. C’est pourquoi il ne se fie pas à la seule raison discursive. La Révolution culturelle de 1889, marquée par l’Essai sur les Données immédiates de la Conscience d’Henri Bergson, lui a rappelé, en son temps, que les anciens Grecs, fondateurs de la raison albo-européenne, accordaient plus d’importance à l’intuition qu’à la discussion et autant à la sensibilité qu’à la volonté. D’où, au côté des causes matérielles, l’importance que M. de Lévis Mirepoix accorde aux causes psychologiques : à la psychologie des nations comme des individus. Cependant, cette psychologie des foules, il a pris soin, allant « de la Biologie à la Culture », de l’enraciner dans la géographie, l’ethnie – j’allais dire la « race » – et la civilisation.
Armé de la conception que voilà, M. de Lévis Mirepoix s’est mis à la recherche des documents : des matériaux par excellence de l’Histoire. Peu d’historiens ont eu à ce point la conscience de la documentation. Comme le dit Henri Marrou dans son De la Connaissance historique, « l’histoire se fait avec des documents». Nous ne pouvons, en effet, sans ces moyens, connaître le passé, ni surtout ses hommes.
C’est là que se situe cette science auxiliaire de l’histoire, l’heuristique, qui consiste à découvrir les faits significatifs. Encore faut-il bien interpréter ceux-ci. Ici, en effet, il faut, autant que « l’esprit de géométrie », faire intervenir «l’esprit de finesse ».Le fait ainsi découvert, précise Marrou, il faut rechercher « tous ses tenants et aboutissants : ses causes, ses effets, sa signification, sa valeur (pour les acteurs, les contemporains... pour nous) ». C’est ce qui, par exemple, apparaît, dans la dialectique des causes et des effets, à propos de l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac.
L’historien Antoine de Lévis Mirepoix a toujours pris soin de lire ses prédécesseurs, les historiens de la France, depuis Jean Froissart et Philippe de Commynes jusqu’à Jules Michelet, jusqu’à Albert Mathiez. Les historiens, mais aussi les historiographes, chroniqueurs et autres mémorialistes. Mais encore les archives nationales. Il descendait jusqu’aux « papiers de famille », en commençant par les siens, que sa famille a cédés, en « dation », à l’État et qui constituent plus de mille cartons et grands registres.
Ainsi présentés l’esprit et la méthode de l’historien, je distinguerai : la France féodale, la France de la Renaissance et de Louis XIV, la France de la Révolution et des temps modernes.
Messieurs,
Pour le duc de Lévis Mirepoix, la Nation française naît avec les Capétiens. Auparavant, c’étaient les « préliminaires de la France ». Ceux-ci débutent avec « l’héritage gallo-romain », très exactement avec la chute de l’Empire d’Occident. Mais, déjà, se dessinait, à travers la Gaule romaine, « l’Hexagone sacré » : un ensemble de paysages s’exprimant, tour à tour, par la grâce mélodieuse ou la force abrupte.
C’est dans ce cadre, si original dans sa variété, que s’est développée l’ethnie, puis la nation française par métissages successifs, biologiques et culturels. Comme nous l’apprennent les plus grands biologistes d’aujourd’hui, dont Jean Bernard et Jacques Ruffié, toutes les nations créatrices sont faites de ce double métissage. Ici, les Romains se sont ajoutés au vieux fonds gaulois, et, aux Romains, les différents peuples germaniques. Je note, en passant, que des peuples pré-indo-européens avaient précédé « nos ancêtres les Gaulois », dont les Basques.
À la spiritualité des Celtes, se greffa l’esprit de méthode et d’organisation des Latins. Quant aux Germains, leur sensibilité, profonde mais à réaction lente, apportera, à l’art français, ce lyrisme lucide qui distingue nombre d’écrivains et d’artistes du Nord, tandis que les troubadours et autres artistes du pays d’oc ne seront pas sans avoir emprunté quelque chose à l’héritage ibère, sinon ligure. Et le christianisme vint mûrir, en les spiritualisant au plus haut degré, les apports des différents peuples entrés dans l’Hexagone.
J’aborderai la France féodale, avec le duc de Lévis Mirepoix, en commençant par Hugues. Prenant le pouvoir, celui-ci fit, « dès la première année de son règne », reconnaître et sacrer son fils Robert. Et c’est ce geste qui, en fondant le principe de l’hérédité, donnera, à la monarchie, la continuité dans la durée. Il s’agit, directe ou indirecte, d’une hérédité avec transmission du pouvoir royal «de mâle en mâle, par primogéniture ».
« Parler d’anarchie féodale, écrit le duc de Lévis Mirepoix, c’est employer deux mots et deux idées qui ne peuvent aller ensemble ». Comme le dit son étymologie latine, la « féodalité » était une organisation politique et sociale, fondée sur un pacte, mieux, une alliance qui se définissait par « la réciprocité des services ». Grâce au christianisme, ces engagements s’appuyaient sur une force morale.
La féodalité est née d’une réaction contre les violences et l’anarchie née des invasions germaniques. Alors, le meilleur refuge des habitants de la campagne était le donjon du chevalier : du noble, qui possédait un domaine à l’abri d’un château. Celui-ci, par contrat, en louait les terres à des paysans, qui les cultivaient contre des redevances de diverses sortes. À son tour, le seigneur rural s’engageait envers un seigneur d’un plus haut titre. Jusqu’au roi de France.
La féodalité, comme système de services réciproques, nous précise M. de Lévis Mirepoix, est animée « par un même principe vital qui circule à travers le Moyen Âge comme le sang sous la peau : l’hérédité. À peu près tout est héréditaire dans la société civile... jusqu’au commerce et au métier ». Ce qui n’empêche pas l’élection d’intervenir quand il est question de l’administration et du fonctionnement des corps constitués : des États généraux et provinciaux, des communes, des villes franches, etc.
Le grand dessein de La Monarchie française pendant le Moyen Âge sera, enracinée dans ces collectivités, de maintenir, en la développant, la réalité vivante de la France, d’en faire son grand œuvre. Et la République maintint le dessein. C’est la thèse d’Antoine de Lévis Mirepoix.
Cette certaine idée de la France, dont notre historien poursuit la réalisation à travers un millier d’années, est la symbiose de deux vertus, complémentaires. C’est, d’une part, l’autorité de l’État, c’est-à-dire la capacité de se faire obéir ; ce sont, d’autre part, les libertés, qui, données aux collectivités et aux groupes, aux familles et aux personnes, leur permettent de s’épanouir.
Dans le développement de ces libertés, deux souverains ont, au Moyen Âge, joué un rôle majeur : Louis IX, devenu Saint-Louis, et Philippe IV le Bel. Les « ordonnances de Beaucaire », signées par Saint-Louis, furent l’expression la plus significative de cette volonté royale. Il s’y est agi, essentiellement, de poser un principe général : celui de la consultation, régulière, par le roi des « seigneurs, clercs et magistrats des villes », qui, sous peine de nullité, votent les impôts. Au lieu de supprimer, simplement, la coutume féodale en coupant les racines de la nation française, Louis IX voulait y greffer le droit romain en retenant les principes de rationalité humaniste qui, jusqu’à présent, font la valeur du droit français. Et Philippe le Bel, moins juge que légiste, continua l’œuvre de Louis IX.
J’ai parlé des libertés données aux métiers. Notre historien y insiste. Et ce n’est pas hasard s’il établit un parallélisme entre la chevalerie et la corporation, celle-ci étant complétée par la confrérie. Il y avait, de l’autre côté, le principe, complémentaire, de la liberté dans l’association. Et l’historien de souligner que « la confrérie pratiquait le secours mutuel et la bienfaisance ». Surtout, il n’y avait pas encore de « classes » parce que pas de capitalisme. Les « états » étaient perméables l’un à l’autre, car, selon son travail et ses mérites, le bourgeois, voire le paysan pouvait accéder à la noblesse.
Du domaine économique et social, nous passerons à la culture en rappelant ce qu’Antoine de Lévis Mirepoix appelle « la Renaissance des XIIe et XIIIe siècles».
Bien sûr, il y a eu la fondation des universités. Et, auparavant, l’édification, par le clergé, de tout un système d’éducation, correspondant aux enseignements primaire, secondaire et supérieur avec les « petites écoles », les « grandes écoles », enfin, les « collèges », dont Philippe Auguste groupera ceux de Paris pour en faire la première université.
Ce qu’on enseignait ? C’était, d’abord, avec les lettres antiques, la philosophie scolastique. Quant à l’enseignement du latin, sous la forme d’une langue souple, mais rationnelle, c’était encore l’exercice qui formait le mieux l’esprit français. Et les sciences n’étaient pas oubliées, dont les mathématiques, l’alchimie, la médecine.
Dans la France féodale, Antoine de Lévis Mirepoix nous introduit au premier monde des Lettres et des Arts qui mérite le titre de « français ». Cette littérature du Moyen Âge est significative, dont je ne retiendrai que la poésie. C’est la première expression d’une francité toute neuve, qui reflète la riche symbiose culturelle dont nous avons déjà parlé. La poésie du Nord est une poésie épique, née de la tradition orale des anciennes chansons de geste. Le génie, non pas germanique, mais celtique s’y révèle encore. Le héros y est, en effet, à la quête du Saint Graal, de l’Absolu divin plus que de l’amour humain. Avec le Midi, l’amour de sa dame l’emportait sur toute autre quête. D’un mot, la poésie de langue d’oïl était plus visionnaire et rythmée, tandis que celle d’oc était d’une beauté plus plastique, plus formelle.
Après la littérature, la Cathédrale, qu’Antoine de Lévis Mirepoix nous présente comme le premier « aspect » de la civilisation du Moyen Âge. L’historien nous le rappelle, l’art roman, rationnel, mathématique, nous était venu de la civilisation gréco-romaine. L’art gothique est autre : par ses origines, non par son but, surtout par ses techniques, son style. L’art roman était caractérisé par le plein-cintre sur des murs solides, exactement calculés ; l’art gothique se définit par l’ogive ou arc brisé. Le but reste le même, qui est, par des formes plaisantes aux yeux et au cœur, de porter l’âme jusqu’au ciel. Il y a seulement que l’art gothique emploie les moyens poétiques des Celto-Germains, faits d’élégance légère, rêveuse. Les images de ses sculptures, mais, auparavant, ses formes sur les piliers, les chapiteaux, les voûtes, ne sont pas figées dans une symétrie quasi mathématiques ; elles sont entraînées dans un rythme fait de répétitions qui ne se répètent pas.
Il reste que l’Histoire d’aujourd’hui, comme science humaine, ne peut se passer entièrement de « l’Histoire de Papa » : des faits politiques et militaires. D’autant moins que c’est la Guerre de Cent Ans qui termine le Moyen Âge, à laquelle M. de Lévis Mirepoix a consacré une monographie.
Les Capétiens directs avaient voulu « marcher devant la France » pour opposer une « force d’attraction » à la « force centrifuge » des provinces et des villes. Mais la force centrifuge venait également de l’extérieur. Il s’agissait, ici, de faire coïncider les frontières avec les limites de l’Hexagone. C’est dans ce grand dessein qu’il faut situer les victoires de Bouvines et de Mons-en-Pévèle, des « victoires créatrices », comme dit M. de Lévis Mirepoix, dont la dernière opéra le « transport de la Flandre » dans le royaume.
Précisément, le roi d’Angleterre Édouard III saisit le prétexte de « l’éternelle question de Flandre » pour réclamer, en 1337, la couronne de France. Dans le « tableau chronologique de la Guerre de Cent Ans », M. de Lévis Mirepoix compte nombre de grandes batailles. Si les Français ne gagnèrent que deux batailles, ce furent les dernières, et ils reconquirent la Normandie, puis la Guyenne.
Cette guerre, interminable, aura été le plus grand effort d’unité et de continuité des rois de France. Et il se produisit le phénomène Jeanne d’Arc. Une jeune fille était née dans une marche du royaume : « dans un foyer paysan, libre sur son petit bien ». Et elle incarna le patriotisme français : la lucidité, le courage et la foi dans l’avenir de la nation comme en Dieu. Et elle remplit sa mission auprès du roi.
La France sortait donc agrandie de ces épreuves, et la nation, fortifiée, mais non sans bouleversements économiques ni sociaux. Les fléaux simultanés de l’invasion, de la guerre civile, du brigandage, souligne notre historien, avaient désarticulé le système féodal. La remise en ordre du royaume amena d’importants « retournements ». Cependant, les mêmes causes ne produisant pas toujours les mêmes effets, la guerre, dans son ensemble, avait favorisé le retour à la prospérité, comme l’ont chanté les poètes de ce temps.
Louis XI, un des grands Valois, allait jouer le double rôle de liquidateur de la Guerre de Cent Ans et de précurseur de la Renaissance. M. de Lévis Mirepoix nous le montre jouant au « jeu de bascule entre l’unité et les franchises », annexant la Bourgogne, l’Anjou, la Provence et le Maine. Dès lors, il pouvait courir « les aventures créatrices ».
Loin de ruiner la France, les « chevauchées d’Italie » furent les levains actifs de la Renaissance. Les États italiens, nous dit l’historien, avaient, avec les sciences et les techniques, développé l’économie, puis, par surcroît, « l’expression de l’individu, particulièrement propice à la création artistique et littéraire ».
Les États italiens, fatigués des interventions de l’empire germanique et du royaume d’Aragon, sans oublier l’Angleterre, avaient fini par appeler Louis XI. C’est pourquoi jusqu’à Henri IV, la politique extérieure des rois de France aura pour objectif majeur de briser la coalition des Trois Grands.
Charles VIII commença par réunir les États généraux à Tours, en 1484, qui firent porter leurs revendications sur six chapitres, dont la diminution de la taille. Et celles-ci furent satisfaites par Charles VIII et son successeur. En même temps, le roi de France mit sur pied, explique M. de Lévis Mirepoix, « une des plus puissantes armées de l’époque ».
Cela dit, Charles VIII et le duc d’Orléans, qui lui succèda sous le nom de Louis XII, ne remportèrent pas, en Italie, des succès définitifs. Cependant, M. de Lévis Mirepoix conclut ainsi : « Ni le commerce, ni l’agriculture n’avaient souffert des guerres d’Italie ».
Monté sur le trône à vingt et un ans, et reprenant les prétentions de son prédécesseur sur le Milanais, François Ier gagna la bataille de Marignan. Les conséquences en furent d’une grande importance, dont la paix de Fribourg et le Concordat de 1516.
Mais voilà qu’en 1519, Charles monte sur le trône d’Allemagne sous le nom de Charles Quint, dont les États entourent la France. C’est précisément à rompre cet encerclement que le roi de France emploie ses brillantes qualités. Les résultats de ses campagnes sont contenus dans les traités de Madrid et de Cambrai, puis dans la paix de Crespy. La France renonçait à toutes ses prétentions en Italie, tandis que Charles Quint le faisait sur la Bourgogne.
La politique intérieure des rois de France depuis Louis XI peut, selon notre historien, se résumer en un mot, la Renaissance. On définit généralement la Renaissance comme « un essor intellectuel provoqué... par le retour aux idées et à l’art antique gréco-latins ». C’est plus complexe.
Antoine de Lévis Mirepoix nous présente la boussole et l’imprimerie comme les facteurs les plus actifs de la nouvelle civilisation. Allons plus loin. En littérature et en art, on est moins sensible aux idées qu’aux sentiments, à la vie intérieure qu’à son expression artistique, à la vérité qu’à la beauté. Et l’on nous montre un monde où le développement individuel l’emporte sur la solidarité sociale, le développement artistique et littéraire, sur la vie spirituelle.
Quelle est, dans tout cela, l’action des rois de France ? François Ier fait mieux que ses prédécesseurs. Citant Michelet, Antoine de Lévis Mirepoix écrit : « Tous les princes de son temps honorèrent les penseurs et les artistes, mais François Ier les aima ». Il les fréquente, y compris les savants, en les aidant. Et il fonde le Collège de France.
Quels furent les résultats ? Dans les lettres et les arts, je ne retiendrai, une fois de plus, que l’architecture et la poésie.
Nous l’avons dit, le Quattrocento, renouant avec Rome plus qu’avec Athènes, voyait, dans l’architecture, un art scientifique. Les Valois firent adapter les emprunts au génie, complexe, du tempérament français. M. de Lévis Mirepoix le note, « les architectes français de la Renaissance opposaient, aux lourdes masses féodales », une architecture plus légère, ajourée, aérienne.
Quant à la poésie de la Renaissance, il a fallu attendre la Révolution de 1889 et les symbolistes pour découvrir son authenticité. J’insisterai sur l’École lyonnaise. Antoine de Lévis Mirepoix a, au demeurant, souligné que le mouvement de l’École lyonnaise était « antérieur à la Pléiade », ce mouvement où florissaient des génies comme Maurice Scève et Louise Labé. Et ce n’est pas hasard si les poètes contemporains se reconnaissent en eux, qui ont incarné, avant la lettre, l’esthétique du XXe siècle, que je définis : « Un ensemble d’images analogiques, mélodieuses et rythmées ».
Après la Renaissance, la Réforme, qui fut comme le remède de ses excès. C’est qu’à la fin du Moyen Âge, les mœurs s’étaient relâchées dans maints monastères. À quoi commencèrent de réagir beaucoup de consciences.
On ne le dira jamais assez, les papes et les rois de France se conjuguèrent, d’abord, « pour sauver l’unité de la chrétienté et accomplir, à l’intérieur, la réforme de l’Église ». François Ier alla jusqu’à sauver la vie à des personnalités poursuivies, dont Calvin. Il fit mieux en signant l’édit de Tolérance.
Le roi Henri Il continuera la politique de François Ier. Malgré une tentative d’assassinat sur sa personne, il sut raison garder. Après une série de batailles où, dans chaque camp, les défaites avaient équilibré les victoires, Charles Quint « abdiqua solennellement ses couronnes ». Et Henri II finit par redécouvrir la vocation de la France, qui est une « reconcentration » sur le pré carré. C’est le sens que donna le roi à la paix de Cateau-Cambrésis, signée en 1559. Metz, Toul et Verdun lui revenaient.
Charles IX reprit le combat de l’unité. Parvenu à sa majorité, il profita de la clôture du concile de Trente pour signer, en 1568, la paix de Longjumeau, qui accordait la liberté de culte et que viendra renforcer, en 1570, la paix de Saint-Germain.
Cependant, le roi, s’étant émancipé de sa mère, Catherine de Médicis, s’appuyait sur l’amiral de Coligny. C’est pourquoi elle fit tirer sur Coligny. Ce qui provoqua la nuit de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572. Le roi, conclut l’historien, « ne sortit de son hallucination sanglante que pour entrer dans un remords qui abrégea sa faible vie ».
Henri III succéda à Charles IX. C’est lui qui signa l’édit de Beaulieu le 15 mai 1576, où « la Saint-Barthélémy était publiquement désavouée ». Il y ajouta la paix de Bergerac. Celle-ci « reconnaissait la liberté de conscience » et « l’accès aux charges publiques, sans distinction confessionnelle ». Ce qui n’empêcha pas un moine, Jacques Clément, d’assassiner le roi en 1589.
Le fait qu’Henri IV est protestant l’amènera, dans tous les domaines, à continuer l’œuvre des Valois. Il commence son règne par la Déclaration de Saint-Cloud, et il prend le temps de se donner « librement à la religion catholique ». Ensuite, le roi de France signe l’édit de Nantes, qui reprend celui de Poitiers et étend les libertés des protestants.
Ayant réglé ce problème, Henri IV reporta toute son attention sur les problèmes économiques et sociaux. Avec lui, l’agriculture a la priorité. Cependant, en même temps qu’il faisait du « labourage et pâturage... les deux mamelles de la France », sans oublier l’industrie, le Bourbon faisait mûrir la Renaissance en classicisme avec Malherbe.
Proclamée sa majorité en 1616, Louis XIII se montra un roi lucide, encore que « peu communicatif ».
S’agissant de la politique étrangère, la situation de la France s’était aggravée. Comme le rappelle M. de Lévis Mirepoix, Vienne et Madrid s’étaient rapprochés et un différend était né « entre les couronnes de France et d’Angleterre au sujet de Québec ». Heureusement, Richelieu, premier ministre, parvint à faire confirmer, par le traité de Saint-Germain-en-Laye, « le retour du Québec à la France ». Pendant ce temps, avait éclaté, entre l’empereur et les protestants, la Guerre de Trente Ans.
Richelieu et Louis XIII mourront en 1642 et 1643. Non sans avoir, auparavant, acquis le Roussillon à la France. Et c’est Louis XIII, vous le savez, qui donna naissance à l’Académie française par Lettres patentes de janvier 1635.
Louis XIV hérita du trône à l’âge de onze ans, et Anne d’Autriche s’empressa de mettre la régence dans les mains de Mazarin, qui, par le traité de Westphalie, ajouta l’Alsace, sauf Strasbourg, aux « trois évêchés ».
Louis XIV était encore enfant quand éclata la Fronde. Devenu majeur, il déclara qu’il serait son propre « premier ministre ». Après le traité des Pyrénées, qui donnait l’Artois à la couronne, l’un de ses premiers actes d’autorité fut, nous dit M. de Lévis Mirepoix, de « diminuer incontinent trois millions sur les tailles déjà réglées ». S’opposant à La Bruyère, qui nous présente les paysans comme des « animaux farouches », l’historien nous montre le peuple de France, artisans et paysans, plus prospère avec la prospérité du royaume, favorisée par le développement des manufactures, mais rendu à la « misère » par les revers militaires.
Je ne m’étendrai pas beaucoup sur les guerres dont est tissé le règne de Louis XIV. C’est la guerre de la Succession d’Espagne qui fut la plus meurtrière du règne. Elle se termina par le traité d’Utrecht et de Rastadt. La France conservait l’essentiel, la frontière du Rhin, après avoir récupéré la Franche-Comté.
Il me faut, ici, faire retour en arrière. Sous Louis XIV, « l’empire colonial mesurait déjà quelques millions de kilomètres carrés », précise M. de Lévis Mirepoix avant de parler du Code noir, qui date de 1685. Tout en signalant que c’est, là, « une atténuation de l’esclavage », il s’étonne : « On se demande comment les nations d’Europe ont pu l’admettre outre-mer, quand toutes se réclamaient du christianisme ! » C’est toute la question. Aussi grave que l’esclavage fut la révocation de l’édit de Nantes. C’est, pour le duc de Lévis Mirepoix, « la grande faute du règne ».
Si, malgré tout, le bilan du règne de Louis XIV semble positif à notre historien, c’est qu’avant la guerre de la Succession d’Espagne, le roi avait réussi à faire de la France un pays prospère, mais aussi un pays où les lettres et les arts avaient rayonné d’un éclat sans égal en Europe.
Louis XV hérita du trône à l’âge de cinq ans. À sa majorité, le roi de France maintint Guillaume Dubois comme premier ministre. Si notre historien reconnaît la timidité de Louis XV, voire sa paralysie dans l’action, il loue son « travail » et sa « lucidité ».
À l’intérieur, la prospérité revint. Mais voilà que le Parlement, se donnant des franchises qu’il n’a pas, veut se substituer aux États pour faire des remontrances au roi de France. C’est ainsi qu’il s’opposa à l’impôt du vingtième. Louis XV refusa de céder. Le parlement, les parlements furent renvoyés, et renouvelés avec les anciennes coutumes. Et de nouvelles furent instituées par le Code Maupeou.
À l’extérieur, Louis XV répugnait à la guerre : mais, comme l’a souligné Antoine de Lévis Mirepoix, « la majorité d’une opinion égarée l’y poussait ». C’est ainsi que la France fut successivement engagée dans les deux guerres de Succession de Pologne et d’Autriche ainsi que dans la Guerre de Sept ans. Si, après la première, la Lorraine devait revenir à la France, le traité de Paris, après la dernière, allait, en 1763, la priver de l’essentiel de ses colonies. Malgré cela, si l’on en croit notre historien, les résultats du règne de Louis XV furent positifs.
Louis XVI, qui lui succéda, n’eut pas moins de qualités. Il y a seulement qu’intelligent, le nouveau roi de France était d’une volonté sans ressort. C’est ce manque de caractère qui devait provoquer sa chute, commence par noter l’historien.
Heureusement, après Maupeou, le roi appela Turgot, le physiocrate, au Contrôle général. Appliquant sa doctrine, Turgot, avec lucidité et courage, avance dans la voie des réformes. M. de Lévis Mirepoix note : « Turgot supprime la corvée, les fraudes, les maîtrises. Mécontents, les corps de métiers se dressent... Les réformes... le plus apparemment utiles ont leurs retours de flamme ». Ce fut ainsi que fut déclenchée la Guerre des Farines, où le roi abandonna son ministre.
Comment expliquer ces émeutes, qui, de Louis XV à Louis XVI, vont en s’aggravant ? C’est que les esprits avaient changé, que, devenus philosophes, les savants, économistes et juristes, artistes, mais surtout écrivains, avaient développé leur esprit critique, mis, non plus au service du roi, mais retourné contre lui, avant de l’être contre la monarchie. Le meilleur témoignage en est encore l’Encyclopédie, dont le sous-titre est Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des techniques.
Le second fait qui, progressivement, amena la France à la Révolution, suggère Antoine de Lévis Mirepoix, fut l’instabilité ministérielle. Il reste qu’en matière de politique étrangère, le roi et ses ministres firent preuve d’une résolution lucide, et dans le partage de la Pologne, et dans la guerre d’Amérique. Le traité de Versailles, qui conclut celle-ci, allait venger la France de celle de Paris.
Cependant la guerre d’Amérique avait coûté cher. Voulant redresser la situation financière, Louis XVI avait appelé Calonne, qui proposa, à l’Assemblée des Notables, une série de mesures que l’historien résume par l’expression de « suppression des abus ». Hélas ! après avoir soutenu cette révolution pacifique, le roi plia, une fois de plus, et la refusa. Mais il fut obligé de convoquer les États généraux, les derniers avant la Révolution.
Dès la réunion des États généraux, se posa le problème, essentiel, de la modalité du vote. Et une fois encore, le roi s’inclina devant la volonté fermement affirmée du Tiers État. Tout était, dès lors, prêt. La Révolution allait commencer par l’affirmation de quelques principes, dont celui de la Nation qui fait la loi.
Comment se fait-il qu’elle tourna en émeutes, désordres et massacres ? Notre historien l’explique. C’est, d’abord, que les conquêtes de la Révolution ne se sont pas faites par la raison, mais par le sentiment. C’est surtout que la Révolution a ignoré le « quatrième ordre » : les ouvriers agricoles et des manufactures, qui n’avaient ni « le nécessaire », ni le droit de vote. Ce qui ne pouvait que les pousser à la violence.
C’est dans cette atmosphère de la Grande Peur que le roi écouta le conseil, non pas de fuir à l’étranger, mais de s’éloigner de Paris. Son arrestation à Varennes marqua le grand tournant de la Révolution. En octobre 1791, l’Assemblée constituante cédait la place à l’Assemblée législative. La Révolution se radicalisait sous l’influence de deux événements majeurs : la guerre aux frontières et la pression des clubs.
Le duc de Lévis Mirepoix nous montre les Girondins sous un jour nouveau. Pendant que ceux-ci dominaient encore l’Assemblée, ils déclarèrent cette longue guerre de vingt-trois ans. Malgré le roi, malgré Robespierre. Quant aux clubs, ils furent les acteurs des journées du 20 juin et du 10 août, qui allaient, non pas accomplir, mais achever la Révolution. Louis XVI et sa famille furent enfermés au Temple, et le roi, suspendu de ses fonctions.
En effet, le jour de la victoire de Valmy, l’Assemblée législative fut remplacée par la Convention nationale, qui, par décret et à l’unanimité, déclara que « la royauté est abolie en France ». Notre historien nous en précise la signification. Il y avait, d’une part, les Girondins, qui, manquant de courage, allèrent jusqu’à reprocher au roi « l’effusion de sang du 10 août ». Il revenait aux Jacobins, menés par Robespierre, de poser le vrai problème : celui de la monarchie. Animé d’une passion claire, sinon lucide, Robespierre incarnait, plus que tout autre conventionnel, l’individualisme de doctrine. Ce n’est pas une politique, ce sont les principes de la « République » qu’il défend. Il conclut : « Le décret... ne peut être révoqué, il ne peut être mis en question sans offenser les premiers principes ».
À ces principes, Louis XVI oppose ceux de la monarchie, qui reposent sur la continuité dans la durée. Et il conclut, lui aussi, par ces mots : « En conséquence, je déclare que j’interjette un appel à la nation elle-même du jugement de ses représentants ».
Encore que brièvement, Antoine de Lévis Mirepoix continuera son Histoire de France jusqu’à la VeRépublique. Il y signale deux problèmes que n’a pas résolu la Révolution de 1789 : la démocratie intégrale, c’est-à-dire le suffrage universel, et « l’organisation du monde du travail ». Le suffrage universel, même pour les colonies, sera établi par la Révolution de 1848, avec l’abolition, définitive, de l’esclavage. La réorganisation et la promotion sociale du « monde du travail » seront l’œuvre des IIIe, IVe et Ve Républiques, sous les influences, alternées ou conjuguées, des libéraux, comme Gambetta, mais surtout des chrétiens sociaux, comme le comte Albert de Mun, et des socialistes, comme Jean Jaurès.
Messieurs,
Il est temps d’en arriver, après l’historien, à l’écrivain qu’est Antoine de Lévis Mirepoix. L’importance de ses romans vient de ce qu’ils ont fait de lui un écrivain de grand talent jusque dans ses œuvres historiques. J’ai commencé par lire son Robespierre. Dès les premières pages, je découvris un écrivain authentique, dont l’élégance est la vertu majeure. Mais une élégance animée, au sens étymologique du mot.
C’est, peut-être, dans les aphorismes qu’elle s’exprime le mieux : par l’économie des moyens. Comme dans cette phrase, où il n’y a pas un mot de trop : « Il n’y a guère d’expérience des peuples ». Mais, le plus souvent, nous rencontrons une ou des images analogiques, qui animent l’idée. Ainsi cette distinction de deux amours : « Tandis que l’amour romantique s’échappe vers les retraites silencieuses, l’amour pathétique se nourrit d’actions, se repose dans du soleil, prend pour chaumière et pour refuge la gloire ».
Cette vie de la phrase peut aller plus loin, en s’irisant d’esprit français ou d’humour celtique. D’abord l’esprit, qui joue sur les mots : « Ici se polissent, pour ainsi dire, les situations fausses et, si la compagnie n’est pas toujours bonne, elle affecte toujours d’être en bonne compagnie ». Et voici l’humour, qui est jeu de situations : « La Quatrième République fut fondée en exécration d’un pouvoir personnel et en crainte révérentielle d’un prestige dont on aimait l’éclat, dont on fuyait l’autorité ».
Mais allons plus avant dans l’art de l’écrivain, en abordant les portraits et les récits, qu’il s’agisse de batailles diplomatiques ou militaires. Nous y retrouverons, de nouveau, cette vie, qui est la marque de la Révolution de 1889.
Dans Henri IV, les portraits abondent. Nous nous arrêterons à celui du héros, qu’on nous développe de chapitre en chapitre. En voici un exemple : « Ce spirituel compagnon au visage éveillé, sur lequel régnait un vaste front qui contrastait par sa gravité avec tout ce qu’il y avait de raillerie dans les yeux, de sensuelle audace dans son grand nez courbé, portait en lui plus de tristesse qu’on ne croit ». Vous aurez remarqué l’expression du caractère par des images symboliques.
Quant aux batailles, nous choisirons celle de Fontaine-Française, dont le récit occupe quatre pages et demie. Il y a, d’abord, la description du champ de bataille, puis le récit des combats, enfin, la conclusion. Mais quelle vie dans la variété ! exprimée par l’historique du château, les dessous de la bataille, les commentaires du roi lui-même et d’un historien. Sans oublier ceux de la tradition locale.
Pour bien mesurer l’art de l’écrivain, il aurait fallu, par-delà le style, descendre jusqu’à la langue : jusqu’aux faits grammaticaux, comme la concordance des temps, que notre écrivain respecte si scrupuleusement, mais avec les dérogations qui s’imposent en introduisant des nuances. Mais il est temps de conclure.
Messieurs,
Je vais conclure. Or donc, c’est en ce dernier quart du XXe siècle que s’édifie, malgré les tensions, les haines et les guerres, cette Civilisation de l’Universel que Pierre Teilhard de Chardin, un Français, annonçait pour l’aube du troisième millénaire. Aujourd’hui, chaque continent, chaque région, voire chaque nation y apporte sa contribution, irremplaçable. C’est dans cette prospective que j’ai fait une relecture contemporaine de l’œuvre historique de M. de Lévis Mirepoix.
Et j’en ai tiré cette première leçon, que l’Histoire de France offre, aux peuples du Tiers-Monde, un modèle exemplaire. Elle le fait, d’abord, en présentant, pendant quelque mille ans, à travers la monarchie, les empires et les républiques, un équilibre vivant, toujours à ressusciter, entre l’autorité de l’État et les libertés aussi bien des personnes que des provinces ou régions et des communes.
Elle offre, en même temps, le modèle d’une symbiose biologique, mais surtout culturelle. Et elle le fait consciemment. Ce n’est pas hasard si le Rapport Jeannenay sur la Coopération, daté du 18 juillet 1963, présente la civilisation française comme une force de symbiose. Elle prend, de siècle en siècle et dans les autres civilisations, les valeurs qui lui sont d’abord étrangères. Et elle les assimile pour faire du tout une nouvelle forme de civilisation, à l’échelle, encore une fois, de l’Universel.»
Edgar Faure (sous lequel Senghor était secrétaire d’Etat en 1956), a répondu à son discours de réception :
« Je dirai ton nom, Senghor. Nomina, Numina.Chez vous, le nom se décline, et se déclame, on le psalmodie et on le chante. Il doit sonner comme le sarong, rutiler comme le sabre au soleil. Le nom appelle les prénoms. Vous en aurez trois. Vous êtes Sédar, celui qui ne pourra jamais avoir honte. On vous donne aussi au village, en asyndète avec le vôtre, le prénom de votre mère, Gnilane. Votre père, qui est polygame-il compte ses enfants, vos frères et vos sœurs par dizaines-, n’en est pas moins catholique. Il vous fait baptiser, votre nom chrétien est Léopold, qui veut dire lion. C’est aussi le sens du prénom ethnique de votre père, qui suit son propre prénom chrétien, Basile. La seule différence, c’est que votre lion à vous passe le premier. Il est d’ailleurs, étymologiquement, "lion téméraire". Etes-vous un cas de métissage biologique ? Cela ne serait pas pour vous déplaire. Vous avez fait l’éloge du métissage avant même de savoir à quel point vous aviez raison : notre confrère Jean Bernard nous en dit beaucoup là-dessus.»
Piqûre de rappel....Le 30 Mars 1886, Robert F. Flemmings Jr invente la guitare
Piqûre de rappel....Le 31 Mars 1991 Mathieu KÉRÉKOU, qui a pris le pouvoir par les armes le 26 octobre 1972 au Dahomey rebaptisé Bénin ,déclare:
«Mes chers compatriotes, le peuple béninois, détenteur exclusif de la souveraineté, a fait connaître sa volonté politique. C’est donc sans regret et sans amertume, que j’ai décidé de me soumettre au verdict du peuple béninois.».
Discours au terme de la conférence nationale des forces vives de la nation qui a rassemblé du 19 au 28 février 1990, quelque 500 délégués dont les représentants de la société civile, les anciens présidents du Bénin encore en vie, les figures de l’armée y compris d’anciens putschistes lors de débats retransmis en direct sur les médias nationaux,qui a dressé les grandes lignes de la transition démocratique au Bénin.Nicéphore Soglo devient le Premier ministre de la transition de Mathieu Kérékou et lui succède à la présidence de la république à l'issue de l'élection présidentielle du 24 mars 1991.
Mathieu Kérékou prend sa revanche en 1996 en revenant au pouvoir,cette fois, par la voie des urnes ,en remportant la présidentielle face à Nicéphore Soglo et restera à la tête de l'état jusqu'en 2006 suite à sa réelection en 2001.
Né en 1933, à Kouarfa, dans le Nord-Ouest du Bénin, Mathieu Kérékou rejoint l’Ecole des enfants de troupe à 14 ans. Sa formation militaire le conduit au Mali et au Sénégal. Il étudie ensuite en France, d’abord à Fréjus (troupes de marine) puis à Saint-Maixent (sous-officier de l’armée de terre). En 1960, lors de l’indépendance, il est sous-lieutenant, et, l’année suivante, aide de camp du premier président Hubert Maga. Il termine sa carrière avec le grade de général. Il est mort,emporté par la maladie,le 14 octobre 2015,à 82 ans .
Surnommé le «Caméléon», Mathieu Kérékou aimait dire que « les branches de l’arbre ne pourront jamais se casser dans les bras d’un caméléon »