« Nous sommes réveillés.
Nous ne dormons plus.
A partir d'aujourd'hui, il y a une nouvelle Afrique dans le monde ! »
Kwame Nkrumah (1909-1972)
Piqûre de rappel...Le 1 juillet 1960,le Ghana devient une république tout en demeurant dans le Commonwealth.
Tout commence le 5 mars 1957 à 23 heures, Kwame Nkrumah prononce son dernier discours de dirigeant de pays colonisé devant les députés puis les douze coups de minuit retentissent et une page se tourne,les couleurs de l'Union Jack sont baissées,on hisse le drapeau "rouge, jaune et vert" au centre duquel resplendit l'étoile noire.
Le 6 mars 1957; la Côte-de-l’Or devient la première colonie à obtenir son indépendance après le Soudan en 1956.
Aussitôt,Kwame Nkrumah décide d’abandonner le nom colonial du pays.
Elle prend le nom d'un ancien empire bantou,le Ghana.
« La bataille est finie et le Ghana,votre pays bien-aimé,est libre pour toujours.
Nous devons changer nos attitudes et nos esprits.
Nous devons réaliser que nous ne sommes plus une colonie, mais un peuple libre et indépendant. »
« Et chaque fois que des hommes et des femmes redressent l'échine, ils peuvent aller où ils veulent, car personne ne peut monter sur votre dos tant que vous vous tenez droits »
Martin Luther King, Jr. (1929-1968)
Piqûre de rappel...le 2 juillet 1964, Le président américain Lyndon Baines Johnson signe,en présence de Martin Luther King, le "Civil Rights Act" qui déclare illégales toutes formes de discrimination.
Discrimination selon la race, la religion, le sexe ou l'origine nationale dans les bâtiments publics, dont les écoles, ainsi que dans les pratiques d'embauche et le processus électoral.
Le 6 août 1965, ce dernier volet est renforcé par le Voting Rights Act qui restreint davantage toute entrave au droit de vote, particulièrement à l'endroit de la minorité noire.
Il autorise le gouvernement federal à contrôler que tous les Noirs peuvent s’inscrire sur les listes électorales et en 1968 le « Fair Housing Act » interdit la discrimination dans le logement
Ces mesures s'inscrivent dans le projet du président Johnson.
Un « executive order », passé le 25 septembre 1965, porte également sur la discrimination positive (Affirmative Action), favorisant les minorités ainsi que les femmes.
Ces progrès surviennent dans un contexte tendu démontrant les profondes divisions raciales qui minent la société américaine.
Le leader du mouvement des droits civiques,Martin Luther King,qui prônait la non violence est assassiné par un ségrégationniste Blanc le 4 avril 1968 à Memphis alors qu'il soutenait une grève d'éboueurs.
Cinq jours plus tard, le président Johnson déclare un jour de deuil national, le premier pour un Afro-Américain.
300 000 personnes assistent à ses funérailles.
Une campagne est lancée pour que son anniversaire devienne un jour férié.
Le projet est approuvé en 1976.
Il a reçu le soutien du musicien Stevie Wonder avec son single "Happy Birthday" et une pétition de six millions de signatures, le projet de loi est devenu loi en 1983.
La première journée de Martin Luther King a été observée en 1986.
« Ainsi donc, un groupe de mercenaires à la solde de l’impérialisme international aux abois, a déclenché depuis ce matin à l’aube une agression armée contre le peuple béninois héroïque et sa révolution démocratique et populaire en attaquant la ville de Cotonou.(…) En conséquence, chaque militante et militant de la Révolution béninoise où qu’il se trouve, doit se considérer et se comporter comme un soldat au front, engagé dans un combat sacré pour sauver la patrie en danger »
Mathieu Kerekou (1933-2015)
« Opération crevette » du 16 janvier 1977
Piqûre de rappel...Le 3 juillet 1977 à Libreville, les membres de l'Organisation de l'Unité Africaine signent une Convention sur l'élimination du mercenariat en Afrique.
Ils considèrent que les activités des mercenaires constituent une grave menace pour l'indépendance, la souveraineté, la sécurité,l'intégrité territoriale et le développement harmonieux des Etats membres de l'OUA.
Ils se déclarent préoccupés par le danger que représente le mercenariat pour l'exercice légitime du droit des peuples africains sous domination coloniale et raciste,en lutte pour leur indépendance et leur liberté.
Piqûre de rappel...Le 4 juillet 2003 meurt à 58 ans Barry Eugène White, la voix de velours.
Apprécié pour ses chansons d'amour pleines de sensualité,il incarnait une des grandes voix du rhythm and blues traditionnel et de la soul.
Piqûre de rappel...Le 6 juillet 1971 meurt à 69 ans Louis Armstrong,à son domicile dans le Queens, New York.Virtuose de la trompette à la voix si particulière,il était surnommé «Satchel-Mouth » (bouche de sacoche).
Petit-fils d'anciens esclaves,11 de ses chansons ont été inscrites au Grammy Hall of Fame, honorant les morceaux à l’importance historique.
Louis Armstrong a influencé de nombreux musiciens à la fois par son style de trompette audacieux ,sa voix unique et sa présence scénique charismatique impressionnant le monde du jazz, et bien au-delà .
C'est lui qui invente et popularise le jazz tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Il est le premier véritable soliste improvisateur à se mettre au premier plan.
Louis Armstrong naît le 4 Août 1901, à la Nouvelle Orléans, en Louisiane dans un milieu défavorisé.
Placé dans une maison de correction à l'âge de 13 ans, il aurait pu plonger dans la délinquance mais la rencontre avec un professeur de musique va changer sa vie. Il sa met à jouer dans des
orchestres, des fanfares, dans les clubs mais ne sachant pas encore lire les partitions, il compense en se servant de l'improvisation.
En 1922, il quitte la Nouvelle-Orléans pour Chicago et connaît rapidement le succès.
Il enregistre ses premiers disques sous son nom à la tête de son orchetre,
le Hot Five.
Le succès continue à New York où il se produit avec Fats
Waller pour la revue Hot Chocolate. Il enchaîne les concerts aux Etats-Unis et en Europe
à la tête d'un grand orchestre.
Devenu une véritable star, Louis Armstrong tourne dans de nombreux films et se produit dans de nombreux pays sous l'égide du département d'Etat américain comme
ambassadeur culturel. Il collabore avec Ella
Fitzgerald sur trois albums.
Ses chansons les plus fredonnées sont "Hello Dolly" (1964) et "What a wonderful world" (1967).
« En ce temps-la
A coups de gueule de civilisation,
A coup de gueule d’eau bénite sur les fronts domestiqués
Les vautours construisaient à l’ombre de leurs serres
Le sanglant monument de l’ère tutélaire
En ce temps – là
Les rires agonisaient dans l’enfer métallique des routes
Et le rythme monotone des Pater-Noster
Couvrait les hurlements des plantations à profit
O le souvenir acide des baisers arrachés
Les promesses mutilées au choc des mitrailleuses
Hommes étranges qui n’étiez pas des hommes
Vous saviez tous les livres, vous ne saviez pas l’Amour
Et les mains qui fécondent le ventre de la terre
Les racines de nos mains profondes comme la révolte
Malgré nos chants d’orgueil au milieu des charniers
Les villages désolés, l’Afrique écartelée
L’espoir vivant en nous comme une citadelle
Et des mines du Swaziland à la sueur lourde
Des usines d’Europe
Le printemps prendra chair sous nos pas de clarté. »
David Léon Mandessi Diop (1927-1960)
Piqûre de rappel...Le 9 juillet 1927 naît David Léon Mandessi Diop, écrivain engagé, Poète de la révolution africaine.
De mère camerounaise et de père sénégalais,il aura pour professeur un certain Leopold Sedar Senghor.
Ses premiers poèmes sont publiés aux éditions "Présence Africaine" en 1956, dans un recueil intitulé "Les coups de pilon".
Extrait :
"Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de l'humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs
Blanches et fanées
C'est L'Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L'amère saveur de la liberté."
Militant anticolonialiste ,il répond avec d'autres intellectuels africains à l'appel de Sékou Touré suite à la rupture avec de Gaulle et se rend en Guinée pour enseigner au collège de Kindia.
Pour les vacances scolaires de 1960,en pleine crise de la Fédération du Mali, il décide d’aller à Paris avec sa femme Yvette.
Son beau-frère Alioune DIOP a prêté son appartement.
Il confie à sa mère, restée à Dakar, ses jeunes enfants.
Le 29 août 1960, sur le chemin de retour sur le Sénégal,son avion est pris dans une tornade et sombre en face des Almadies, au large de Dakar.
52 des 63 corps seront repêchés, dont celui de David DIOP qui est inhumé au cimetière catholique de Bel-Air, à Dakar.
Il disparaît à 33 ans, avec son épouse.
« La confiance en soi est une clé importante du succès. La préparation est un facteur clé de la confiance en soi. »
Arthur Robert Ashe Jr. (1943-1993)
Piqûre de rappel...Le 10 juillet 1943 naît aux États-Unis Arthur Ashe,le 1er Afro-Américain à se classer au premier rang mondial du tennis.
Arthur Robert Ashe Jr. naît le 10 juillet 1943 à Richmond, en Virginie.
En 1963, il est le premier Afro-Américain à être recruté par l'équipe américaine de la Coupe Davis.
En 1968, il devient le 1er tennisman Afro-Américain vainqueur de l'U.S. Open,puis des Internationaux d'Australie de 1970 et Wimbledon en 1975 en battant Jimmy Connors en finale.
La même année, Ashe est devenu le premier Afro-Américain à se classer au premier rang mondial.
En févier 1972, de passage au Cameroun avec d'autres professionnels, le N 5 mondial de l'époque échange des balles lors d'un match d'exhibition avec un jeune de 11 ans,Yannick Noah.
Impressionné,il lui offre sa raquette de tennis,et,fait part de sa découverte à Philippe Chatrier, président de la Fédération Française de tennis,qui propose à Yannick Noah d'intégrer la section Tennis-études du Lycée de Nice.
Il est Capitaine de l'équipe américaine de 1981 à 1985.
En 1985, il est le premier Afro-Américain à être intronisé au Temple de la renommée du tennis international.
Ashe prend sa retraite de la compétition en 1980.
Il rencontre des problèmes de santé au cours des 14 dernières années de sa vie.
Après une quadruple opération de pontage en 1979, il subit une deuxième opération de pontage en 1983.
En 1988, il subit une opération du cerveau à la suite d'une paralysie du bras droit.
Une biopsie réalisée lors d'un séjour à l'hôpital révèle qu'Ashe a le SIDA.
Les médecins découvrent qu'il a contracté le VIH suite à une transfusion de sang lors de sa deuxième opération cardiaque.
Militant, quand il l’apprend , il décide de concentrer ses efforts sur la sensibilisation à la maladie.
Arthur Ashe meurt à New York le 6 février 1993 des suites d'une pneumonie liée au sida.
Quatre jours plus tard, il est inhumé dans sa ville natale de Richmond, en Virginie.
Quelque 6 000 personnes ont assisté aux obsèques.
Piqûre de rappel...Le 11 juillet 1960, la riche province minière du Katanga fait sécession et proclame unilatéralement son indépendance sous la conduite du docteur Moïse Tshombé, soutenu par des troupes belges, l’Union minière du Haut Katanga et la Société générale belge.
Une sécession,onze jours à peine après l’indépendance de l’ancien Congo belge.
Ce même jour, Moïse Tshombé s’autoproclame président du Katanga avec l’aval tacite de la Belgique qui le soutient. Mais d’une part, l’URSS soutient le gouvernement de Lumumba, d’autre part les Etats-Unis ne veulent pas d’une mainmise de la Belgique sur des ressources stratégiques.
Après la promulgation de la constitution katangaise le 5 août 1960, le gouvernement provincial élu le 16 juin 1960 devient le gouvernement katangais. Il est élargi en octobre avec la nomination des secrétaires d’Etat. Le Katanga indépendant a toutes les institutions et tous les attributs d’un Etat souverain : constitution, garde présidentielle, gouvernement, assemblée nationale, monnaie (franc katangais),devise (Force, espoir et paix dans la prospérité), hymne national (la Katangaise), journal officiel (le Moniteur katangais), armoiries et drapeau.
L’armée est baptisée Gendarmerie katangaise (Gkat) ; la force aérienne s’appelle Aviation militaire katangaise (Avikat) ; la compagnie nationale de transport aérien se nomme Air Katanga. L’ordre public est garanti par la Police nationale katangaise.
L’Etat indépendant du Katanga n’est jamais reconnu par l’ONU qui envoie des troupes suédoises sur place avant de décider d’une intervention plus énergique et d’entamer une guerre menée par des Gurkha contre les « gendarmes katangais» composés d’anciens de la Force Publique et de mercenaires étrangers surnommés les « affreux ».
Avec l’assassinat de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961 et la création d’un gouvernement de fait dirigé par Antoine Gizenga à Stanleyville, l’ONU craint une guerre civile au Congo et passe dès lors à l’offensive en engageant une action de grande envergure pour vaincre définitivement les forces rebelles katangaises. Il faudra plus de deux ans de guerre pour que le gouvernement de Tshombé tombe, mettant fin à la sécession le 21 janvier 1963.
Le nord du Katanga échappe presque au contrôle de Moïse Tshombe. La Balubakat dirigée par Jason Sendwe s´oppose fermement à la sécession et joue le jeu du gouvernement central à Léopoldville. Sendwe est même promu vice-premier ministre dans le gouvernement Adoula en août 1961. En décembre 1962, les forces de l’ONU prennent le contrôle d’Élisabethville. Moïse Tshombe s’enfuit et se réfugie à Kolwezi qui devient la nouvelle capitale du Katanga indépendant. Le 14 janvier 1963, le gouvernement katangais capitule et proclame la fin de la sécession. Tshombe prend le chemin de l'exil en Rhodésie du Nord (Zambie) puis plus tard en Espagne en emportant 92 millions de francs belges avec lui.
Piqûre de rappel...Le 13 juillet 1960,le Président Joseph Kasa-Vubu et le Premier Ministre Emery
Patrice Lumumba dénoncent «l'actuelle agression extérieure » de la part de l’armée belge et sollicitent l’intervention des forces onusiennes dans la crise congolaise.Le Gouvernement Lumumba
déclare qu'un « état de guerre existe entre le Congo et la Belgique » et décide de la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique.
Un ultimatum du Gouvernement congolais adressé à la Belgique.
Dans la soirée, après examen de la plainte déposée par le Gouvernement congolais,le Conseil de Sécurité adopte une résolution sur l'assistance militaire au Congo. «L'agression belge » contre le
Congo prend
les proportions d'une occupation militaire.
Le Ministre belge de la Défense, M. Gillon, déclare devant le Parlement l’intervention de l’armée
belge dans 23 villes du Congo"L'ensemble des forces
belges engagées au Congo s'est élevé à près de 10.000 hommes.»
Piqûre de rappel...Le 14 juillet 2014 meurt à 90 ans Alice Marie Coachman,athlète américaine, spécialiste du saut en hauteur.Première femme noire à remporter la médaille d'or aux Jeux olympiques de Londres en 1948,après avoir dominé les compétitions depuis 1939 sans pouvoir participer aux Jeux annulés de 1940 et 1944.
Alice
Coachman naît le
9 novembre 1923, à Albany, en Géorgie.C'est
la cinquième d'une fraterie de
dix enfants.
Bien que les parents d'Alice Coachman n'aient pas soutenu son intérêt pour
l'athlétisme, elle a été encouragée à développer ses talents par Cora Bailey, son professeur de cinquième année à Monroe Street,son École primaire ,et sa tante, Carrie
Spry.
Elle a remporté le saut en hauteur avec un saut de 5ft 6 1 / 8in.
Elle a reçu sa médaille du roi George VI et a été invitée à bord du yacht royal britannique.Elle a été félicitée par le président Harry S. Truman à la Maison Blanche, et Count Basie a donné une fête pour elle. Elle a été saluée dans un cortège dans sa ville natale, Albany.
Mais lors de la cérémonie officielle , les Noirs et les Blancs étaient séparés dans l'auditoire ,le maire blanc de la ville a refusé de lui serrer la main . Elle a reçu des dons anonymes d'admirateurs blancs qui ne voulaient pas que leurs voisins sachent qu'ils avaient envoyé un un cadeau à une femme noire .
Alice Coachman a relativisé : «Nous avons eu la ségrégation, mais ce ne fut pas un problème pour moi parce que j'avais gagné," se souvient-elle. «Ce fut à eux, qu'ils l'acceptent ou non.","Je pense que j'ai ouvert la porte "
Sa carrière d'athléte a pris fin avec les Jeux Olympiques, pour devenir enseignante, et créer une fondation pour aider les athlètes jeunes et retraités en difficultés financières.
Elle a été intronisée au Temple olympique des États-Unis de la renommée et de l'athlétisme National Hall of Fame. Il y a une école primaire Coachman Alice à Albany.(Hall Field of Fame en 1975, l'Olympic Hall of Fame US en 2004).
Piqûre de rappel...Le 20 juillet 1960,Patrice Emery Lumumba lance un appel à la radio : « Nous préférons mourir pour notre liberté plutôt que de vivre encore dans l’esclavage. (…) La Banque centrale belge s’est accaparée non seulement notre argent, mais également nos réserves d’or.Le gouvernement congolais vient d’annoncer que, si dans un délai de 15 jours,le gouvernement belge ne les restituait pas,nous confisquerions tous les biens appartenant aux Belges.Le peuple attend l’amélioration de ses conditions de vie.Pour nous,il n’y a pas d’indépendance tant que nous n’aurons pas une économie nationale prospère pour relever les conditions de vie de nos frères. »
Le 17 Janvier 1961, Patrice Emery Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont conduits par avion à Élisabethville, au Katanga, où ils seront fusillés le soir même.
En 2000, le sociologue belge Ludo De Witte publie chez Karthala "L'Assassinat de Lumumba", dans
lequel il met en cause les responsables belges, précisant que ce sont des Belges « qui ont dirigé toute l’opération du transfert de Lumumba au Katanga, jusqu’à sa disparition et celle de son
corps ». La Belgique, de même que l'ONU, n'avaient pas reconnu le Katanga comme état indépendant mais certains officiers belges étaient encore en fonction. Le lendemain, une opération sera menée
par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont
suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection
parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele au cri de « A Lumumba » ou « Mulele Mai » : les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d’être écrasés
par l’armée de Mobutu.
En 2003, le Documentaire télévisé "CIA guerres secrètes" explique que Mobutu a fait dissoudre le corps de son rival dans l'acide, après l'avoir fait assassiner. Les États-Unis auraient tenté de
faire assassiner Lumumba mais le plan avait échoué au niveau du choix de l'assassin ; l'opération avait été ordonnée par Allen Dulles qui avait mal interprété la volonté du président Dwight
Eisenhower.
Le 21 juin 2007 ,les archives de la CIA ont été déclassifiées et indiquent que la CIA a monté un plan d'assassinat de Lumumba :
En avril 2013, dans une contribution au magazine London Review of Books, le Lord travailliste David
Lea affirme que Daphne Park, une ancienne cadre du MI6, lui a confié en 2010 avoir « organisé » l'assassinat de Patrice Lumumba.
Le rôle des puissances occidentales et celui des États-Unis en particulier a été fortement évoqué dans la mort de Lumumba.
Le gouvernement belge a reconnu, en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba : " À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du
gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime
dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette
apathie et cette froide neutralité" .Le 23 juin 2011, la famille de Patrice Lumumba a déposé plainte, à Bruxelles, contre une dizaine de Belges qu’elle considère comme impliqués dans
l’assassinat.
Avant son emprisonnement, Lumumba s'est arrangé pour que son épouse Pauline Opango et ses enfants puissent quitter le pays pour l'Égypte,dans un premier
temps.
Le sénateur américain, Robert Kennedy, en visite en Afrique du sud a dit de lui qu'il était "l'un des hommes les plus impressionnants" qu'il ait jamais rencontrés.
Le 21 juillet 1967 se tourne en Afrique du Sud, de manière tragique, une page de l’histoire du Congrès National Africain. Jusqu'à ce triste jour de juillet, et depuis de longues années malgré les brimades, les humiliations, la prison, les assignations à résidence, un homme incarnait la lutte pour l’instauration d'une société libre de toute oppression raciale. Son nom, Albert John Luthuli, a moins raisonné que celui de Nelson Mandela, pourtant à la tête de l'ANC jusqu’à son dernier souffle .il a été le premier sud-africain, et, le premier natif du continent à se voir attribuer le Prix Nobel de la Paix en 1960, en son absence. En effet, la situation est extrêmement tendue depuis le massacre du 21 mars à Sharpeville, la police de l’apartheid a réprimé dans le sang une manifestation de centaines de personnes non armées contre les pass, ces documents d’identité imposés par le régime pour limiter et contrôler les déplacements des Noirs, faisant des dizaines de morts. L’ANC dénonce la barbarie policière, et, en guise de soutien aux personnes tuées, Albert John Luthuli brûle publiquement son "pass". Arrêté, sous le coup d’une amende et d’une peine de prison, il sera finalement en résidence surveillée à Groutville en raison de sa santé fragile. L’assignation à résidence est levée pour 10 jours en décembre 1961, afin que le leader du Congrès National Africain puisse aller recevoir le prix Nobel de la paix qui lui a été décerné.
« Un prix qui est », dira-t-il à Oslo en Norvège « la reconnaissance des sacrifices réalisés par les Sud-africains de toutes races, en particulier les Africains qui ont tant subi et souffert si longtemps» Malgré la souffrance, Albert John Luthuli s’oppose à la violence et reste un grand défenseur de la "résistance passive" pour combattre les lois de l'apartheid et mettre un terme à la tyrannie exercée par la minorité blanche qui s'est emparée de toutes les richesses du pays. Celui que l’on connait également sous le nom de Zulu Mvumbi veut bâtir une Afrique du Sud incluant toutes les composantes raciales et reposant sur le principe non discriminatoire de "liberté pour tous" et "d'unité pour tous". Le doux rêve de la Nation Arc en Ciel d’aujourd’hui qu’Albert John Luthuli ne verra pas car il est brutalement arraché à son destin de combattant pacifique des libertés,un jour de juillet. Ce qui devait être un jour comme les autres sera finalement le dernier lorsqu’Albert John Luthuli est mortellement blessé par un train qu’il n’aurait pas entendu arriver alors qu’il marchait le long du "trestle bridge" traversant la rivière Umvoti située à quelques kilomètres de chez lui. Un tragique accident qui n’a pas manqué de soulever un certain nombre de questions, Bien que Zulu Mvumbi souffrait depuis quelques années de tension artérielle ayant altérée son ouie et sa vue, certains y ont vu la main du pouvoir de l’apartheid.
Avant de se lancer dans la vie politique en 1945, Albert John Luthuli était professeur d'histoire et de littérature zoulou à Adams College où il a lui-même fait ses classes, dans le Natal. A la fin des années 1920, il est secrétaire général de l'Association des professeurs africains, puis devient son président en 1933.Sa naissance aristocratique amènera son peuple à lui demander de prendre la tête de la chefferie suite au décès de son oncle mais il refuse dans un premier temps avant de prendre ses responsabilités de chef de l'Umvoti Mission Reserve deux ans plus tard, en 1935, et, de renoncer à son métier d'enseignant. Une fonction qui nourrira un peu plus son caractère combattif au vu de la misère qu’il côtoiera en découvrant le quotidien de son peuple.
Il fait ses premiers pas au sein de l'ANC, en 1945 en devenant un de ses membres puis président de sa section du Natal, six ans plus tard. Une nomination qui lui vaudra d’être destitué de la chefferie au motif qu'il ne peut cumuler des responsabilités à l'ANC et dans l'administration locale. Cependant, la confiance n’est pas rompue avec ses sujets qui lui témoignent leur fidélité en refusant de lui élire un successeur.
On dit de lui que ce n’est pas un homme à vendre, et, sa popularité le mène à la tête du Congrès National Africain dès décembre 1952, où il est élu Président-général avec un secrétaire au nom bien connu, Nelson Mandela.
L’ascension et la notoriété d’ Albert John Luthuli n’est pas vue d’un bon œil par le gouvernement sud-africain qui réagit immédiatement et cherche à minimiser son impact en tant que leader de l’ANC en lui interdisant de prendre la parole au cours de tout rassemblement public pendant deux ans.
Mais il prend son mal en patience et dès l’expiration des deux années de sanction prononcées à son encontre ,il se rend à Johannesburg pour y prononcer un discours, mais le gouvernement sud-africain l’en empêche en lui interdisant pour deux nouvelles années de prendre la parole en public et en l’assignant à résidence. Des sanctions qui ne cesseront d’être renouvelées sans impact sur sa popularité qui grandit de jour en jour.Son nom traverse les frontièreset il est élu en 1962 recteur de l'Université de Glasgow par les étudiants, servant jusqu'en 1965. Puisqu'il est interdit de voyager, à Glasgow, le fonds de bourses d'études de Luthuli a été créé par le Conseil représentant les étudiants pour permettre à un étudiant noir sud-africain d’étudier à l'Université de Glasgow. Cette même année, il publie une autobiographie intitulée : « LET MY PEOPLE GO » confirmant, si il en était besoin, ses talents d'homme de lettres. Un témoignage pour ce peuple qu’il a défendu contre l’oppression raciale, un peuple devenu aujourd’hui la Nation Arc en ciel comme il en rêvait.
« le temps est venu pour que la voix de l'homme noir soit entendue indépendamment dans ses propres affaires »
Henry Sylvester Williams (1869-1911)
Piqûre de rappel...Le 25 juillet 1900 s'achève une Conférence Panafricaine au Westminster Town Hall de Londres.
Une initiative de Henry Sylvester-Williams.
32 personnes participent (11 Américains, 10 Caribéens, 5 Londoniens, 1 Canadiens et 4 Africains d'Abyssinie, de la Côte d'Or, du Libéria et de la Sierre Leone.)
On compte également de nombreuses associations invitées à l'exemple de la Société Anti-esclavagiste Britannique, le Comité pour la Protection des Races Indigènes et la Lutte contre le Trafic d'Alcool, la Société de Protection des Aborigènes ou encore la Société des Amis des Noirs.
Le mouvement panafricaniste et le mouvement anti-esclavagiste, à travers les conclusions de la conférence, adressent ensemble un message à la reine Victoria.
Ils demandent de « prendre les mesures nécessaires pour influencer l'opinion publique sur les conditions de vie et les lois qui régissent les autochtones dans plusieurs parties du monde, particulièrement en Afrique du Sud, en Afrique de l'Ouest, aux Antilles et aux Etats-Unis".
Henry Sylvester Williams, avocat et écrivain ,originaire de Trinité-et-Tobago,format l'African Association dans le but de combattre le paternalisme, racisme et impérialisme.
Il a dit « le temps est venu pour que la voix de l'homme noir soit entendue indépendamment dans ses propres affaires ».